Kurosawa est un spécialiste des drames, en particulier ceux aux inspirations shakespeariennes où le sort s'acharne sur les personnages jusqu'à la déchéance. Il est donc intriguant de voir que le réalisateur s'est essayé à la comédie au tout début de sa carrière.


Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre est bien une œuvre de Kurosawa, pas d'erreur là-dessus. On retrouve plusieurs caractéristiques de son cinéma, comme les plans fixes joliment composés ou la représentation majestueuse et digne du Japon féodal. Et c'est à peu près tout, puisque le reste est complètement à côté de la plaque.


Facilité par un traitement de l'histoire plus léger que d'habitude, l'humour s'exprime par le biais du personnage du bagagiste, mais il est bien trop présent pour ne pas devenir lourd. L'acteur, en roue libre totale, multiplie les grimaces extravagantes qui réjouiront les amateurs de Vivre et laisser mourir et qui insupporteront les autres. Parallèlement à cela, le long-métrage incruste des chansons lors des moments cruciaux pour souligner l'ironie des événements. L'idée, si elle semble bonne sur le papier, se révèle être particulièrement anecdotique, la faute à une tension qui peine à se mettre en place.


En effet, le scénario entier repose sur un coup de bluff, qui aurait pu générer beaucoup de suspens hitchcockien. Kurosawa construit un enchainement des actions cohérent et fluide, tout en étirant certaines scènes comme il se doit. Pourtant, l'ensemble ne fonctionne pas, on a pas peur pour les personnages et leurs motivations, maigrement expliquées par un panneau de texte au début. Peut-être que cela vient du manque de rythme (un comble pour le cinéaste !) qui rend cette heure de film bien ennuyeuse.


Pendant tout le visionnage, on sent que le réalisateur avance à tâtons et expérimente des choses (les fondus moches en tête). Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre, sans être complètement mauvais, souffre de trop de problèmes pour être qualifié de correct. C'est tout au plus oubliable.

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le 8 avr. 2016

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