Super.
Transfuge des mythiques "Simpson", le génial Brad Bird avait imaginé cette famille de super-héros à la fin des années 90, pensant les mettre en scène dans un long-métrage d'animation traditionnel...
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le 29 déc. 2014
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Le sixième film des studios Pixar ne tarde pas à donner le ton : plusieurs super-héros se confessent devant une caméra, livrant à une journaliste qu'on imagine décontenancée leurs états d'âme. « Je suis comme un domestique », avoue ainsi Bob, alias M. Indestructible, avant que Brad Bird, taquin, ne l'envoie sauver des chats, puis faire face, désormais rétrogradé en simple employé en assurances, à de vieilles dames éplorées et des embouteillages exaspérants. Pendant ce temps, Elastigirl, son épouse, arbore une patience d'ange, Flèche, le rejeton supersonique et téméraire, fait encore des siennes à l'école et Violette, l'adolescente en crise, effacée et mal dans sa peau, peu à l'aise avec les garçons, continue de se cacher derrière une longue mèche noire. Chaque protagoniste a une épaisseur, une personnalité et une mécanique qui lui est propre.
Bien qu'il mette pour la première fois en vedette des humains, Pixar n'oublie pas d'insuffler à son film ce qu'il faut de folie et de fantaisie. Le comique s'y projette de bout en bout, notamment avec le jeune gamin à bicyclette, les flashbacks d'accidents de super-héros, les conseils contre-productifs de Bob vis-à-vis de son employeur ou ce dernier, volontiers despotique, subissant le courroux de son subalterne et traversant les murs de sa compagnie. Des questions plus sérieuses irriguent également Les Indestructibles, telles que la filiation artificielle avec un fan déçu, la préservation de la famille en dépit des mensonges ou ce besoin, obsédant, de « revivre sa gloire passée », qui se matérialise par des super-héros mis au chômage forcé, mais toutefois occupés à se brancher sur la fréquence de la police dans l'espoir d'intervenir si l'occasion venait à se présenter. Comme le déclare si bien Brad Bird : « C'est l'histoire d'une famille dont chaque membre apprend à équilibrer sa vie personnelle et l'amour qu'il porte aux autres. C'est aussi une comédie sur des super-héros qui découvrent leur côté humain plus ordinaire. »
Ainsi, au coeur du métrage, entre les aventures rocambolesques de M. Indestructible et des décors (par dizaines) au graphisme irréprochable, se trouve naturellement cette notion de famille mise en avant par le réalisateur américain. Mise à rude épreuve par la crainte de Bob « d'être sous-estimé », celle-ci va se réunifier d'un même élan, en sauvant le monde de robots géants à tentacules destructrices. « C’est comme Space Mountain », osera-t-on même avancer dans une assertion qui pourrait parfaitement s'appliquer à cette famille peu ordinaire... Mené tambour battant, réussi sur tous les plans, Les Indestructibles donne en outre lieu à des prouesses techniques inédites, notamment concernant l'expressivité des visages humains et l'animation des personnages. Tous ces éléments, réunis avec suffisamment de subtilité et de justesse, mâtinés de références à Marvel, font peut-être de cette production Pixar le meilleur film de super-héros post-Tim Burton – et pré-Christopher Nolan...
Critique à lire dans Fragments de cinéma
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le 29 oct. 2018
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