14 ans qu'on l'attendait le luron, après être resté sur notre faim quand on avait 8 ans, on retrouve l'âge providentiel avec une suite à la hauteur des espérances. Un méchant post-situationiste un brin nietzschéen (on ne se refait pas), dans un délire vintage so 80's vaguement complotiste à la sauce Invasion Los Angeles, reste ancré dans la rengaine type des blockbuster qu'on nous ressort depuis quelque temps déjà anticipée et dénoncée par Debord : la critique du spectacle par lui-même. Rien de nouveau sous le soleil avec ce retour des théories brechtiennes surannées mais qui ont le mérite de pimenter un peu l’œil de l'adulte que nous sommes devenu et de donner un nouveau souffle au propos du premier film, à l'heure où les films de super-héros oscillent entre la médiocrité la plus confondante et le toujours plus télévisuel (c'est-à-dire qu'ils n'oscillent pas en fait). Mais le film fait mouche avec ses situations inventives et une mise-en-scène toujours d'attaque pour les rendre énergiques et percutantes, le travail de la lumière venant sublimer le tout (je pense à la séquence des hélicoptères à la sauce Métropolis ou encore dans l'antre de l'Hypnotiseur), l'action est au rendez-vous et quoi qu'un peu brouillonne et parfois exagérément rocambolesque elle n'en reste pas moins pêchue et exploite malicieusement les pouvoirs des personnages (la séquence du train avec Elasticgirl fonctionne du tonnerre), l'humour de Jack-Jack vise souvent juste grâce à son timing superbement dosé, et la part belle est laissée à d'autres héros plus absents et attrayants du précédent opus un peu trop centré sur Mr. Indestructible - aux pouvoirs insipides s'il en est. On regrette néanmoins les coups de théâtres d'autant plus téléphonés qu'ils sont les mêmes qu'en 2004. En tout cas toujours partant pour attendre 14 années supplémentaires histoire d'avoir le fin mot sur Le Démolisseur.