Film britannique de Jack Clayton, mais sous forte influence américaine (le film est chapeauté par la Fox et en partie scénarisé par Truman Capote), reprenant le désormais suradapté récit de Henry James, classique de l'ambivalence fantastique (en attendant la proposition à venir de Netflix), "Les Innocents" frappe toujours aujourd'hui par sa beauté formelle et son atmosphère.
D'un gothique tout en retenu dans ses effets (très suggestif et victorien), le film se révèle toutefois moins innovant qu'un chef-d’œuvre comme "The Haunting" (1963), qu'il aura de toute évidence inspiré. Largement centré sur la frustration sexuelle féminine (thème qui hantait littéralement la production horrifico-fantastique des décidément très freudiennes années pré-68), il serait également faux de dire que le film, dans son traitement thématique, n'a absolument pas vieilli.
Par ailleurs, malgré une belle performance, Déborah Kerr, 40 ans au compteur au moment du film, n'est (physiquement) pas crédible dans ce rôle d'une jeune gouvernante de 20 ans supposément tout juste tombée du nid...Ce décalage ressenti entre l'apparence de l'actrice et son rôle dessert finalement le film (en tout cas, cela a été mon ressenti) en donnant le sentiment d'un personnage assez creux, au background insuffisamment travaillé.
Si vous aimez l'horreur sage, tout en suggestion et en malaise indistinct, le film reste cependant bien entendu tout à fait recommandable, ne serait-ce que pour son incontestable beauté formelle.