A l'évidence, Marcel Carné était en perte de vitesse à la fin des années 1960 ; ses films ne marchent plus aussi bien, il doit rebondir. Il décide de faire Les jeunes loups, qui est en quelque sorte un décalque de son dernier succès, Les tricheurs, sauf que c'est réduit à un seul couple.
On suit un jeune gigolo, qui ne vit que de ses charmes en se faisant entretenir par de riches femmes. Rétif à toute forme d'autorité, il décide de ne pas travailler, et décide d'offrir ses charmes. Il vit avec une princesse, qui lui fournit la belle vie, jusqu'à ce qu'il rencontre une autre jeune femme, naïve au possible, et qui croit à un grand amour.


Pour grossir le trait, Les jeunes loups est un remake version 60's des Tricheurs, qui était aussi un portrait d'une jeunesse en révolte qui ne voulait pas vivre comme leurs parents. A la fin de cette décennie-là, se profile une liberté, créatrice, sexuelle, morale, ou là aussi l'idée de ne pas faire comme les autres est en germe, ce qui est montré par le personnage joué par Christian Hay qui n'est pas un acteur, mais un photographe de plateau qui a tapé dans l'oeil de Marcel Carné. D'ailleurs, il est filmé sous toutes ses coutures, les pectoraux bien en avant, car on sent le désir du réalisateur, qui était homosexuel, dès qu'apparait ce jeune homme. Contrairement aux femmes filmées ici sans vraiment de grâce, y compris quand elles tombent le haut et le bas. D'ailleurs, dans le casting, la nouvelle conquête du gigolo est incarnée par Haydée Politoff, qu'on avait vue dans La collectionneuse, et Roland Lesaffre, l'amant du réalisateur.
Ce dernier aura été très critique sur le film, la censure et les producteurs l'ayant obligé à cacher la nature bisexuelle de ce personnage, alors que c'est parfois suggéré. Mais il faut dire que Les jeunes loups est peut-être son plus mauvais film, car il est d'une nullité absolue ; on dirait vraiment un vieux qui filme des jeunes de manière moralisatrice comme s'ils étaient montrés comme des petits cons.
On ne perçoit pas d’ambiguïté, de subtilité, et ça passe aussi par des dialogues qui sont abominables, car il faut dire que les acteurs, tous, y compris Maurice Garrel qui a un petit rôle, sont consternants, car on dirait qu'ils lisent un texte, sans aucune émotion.


Les jeunes loups fut un énorme bide, car sorti peu de temps avant la paralysie de Mai 1968, mais aussi, et sans doute, parce que c'est très mauvais. Il reste plus dans les esprits comme étant l'autre film de Carné (avec Trois chambres à Manhattan) où se trouve un certain Robert De Niro, mais il faut avoir des yeux bioniques pour le trouver...

Boubakar
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le 25 déc. 2020

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