Longtemps je suis resté sans comprendre ce qui se passait dans ce film, ce que l'on voulait nous dire, l'objet même du film, sa signification profonde. Je voyais bien qu'il s'agissait d'un film moral, du moins où se jouait le sens moral de la guerre, de ses héros, de ses morts et de comment les vivants vivaient ces pertes humaines (en gros, je schématise bien entendu). Mais je n'arrivais donc pas à comprendre le point de vue de l'auteur, s'il y en avait même un.
Le personnage de Madison (Garner) m'était des plus antipathiques et je ne comprenais pas comment Emily (Andrews) pouvait tomber amoureux de ce type, d'autant qu'elle partageait mon ressentiment. Les personnages semblent ancrés littéralement à leur caractère, et parés pour mourir avec leurs principes, leurs moralités, leurs visions catégoriques de la vie... jusqu'à un évènement qu'on attend longtemps, qui se produit enfin et un retournement qui bouleverse tout. Il faut donc attendre le dernier quart d'heure pour que le film donne sa pleine mesure, laisse éclater sa véritable portée. Et que les personnages se révèlent à eux même, donnant au film une fin et une morale touchante.
On est pas obligé d'accepter ce point de vue, c'est juste que c'est par ce biais qu'ils se redécouvrent profondément, qu'ils se disent une vérité, la leur, et que c'est beau. C'est tout con, tout simple, tout joli, et cela suffit.

J'aurais passé la majeure partie du film à l'attendre. Quelque fois on attend en vain. Cette fois, cela valait le coup. Juste pour une scène.

Pointer seulement la dernière scène pour saluer cet étrange film serait pour le moins injuste.
Les comédiens sont excellement dirigés. Mais c'est surtout la performance de Julie Andrews qui fait un trou là où on en a déjà un. Cette actrice est fabuleuse. Au moment où elle apprend une bonne nouvelle, elle parvient en quelques secondes à bouleverser son visage, à faire entrer dans son regard une foule de sentiments, d'émotions et de pensées, de la surprise, de l'amour, du soulagement, du miracle, des larmes, de l'apaisement, un avenir, un ciel qui s'ouvre. C'est d'une beauté extraordinaire, qui emporte le spectateur. Quelques secondes de magie. Une très grande dame.
Alligator
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le 19 janv. 2013

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Alligator

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