Les ogres porte bien son titre. Car les personnages du deuxième long de Léa Fehner sont des monstres : ils ne parlent pas, il crient, ils ne pleurent pas, ils saignent de douleur, ils ne rient pas, ils s’esclaffent, ils ne se contentent pas de vivre leur vie, ils la bouffent de toutes leurs dents.
Du coup le début du film m’a fait un peu peur car il est à leur image : du genre grande gueule, à qui on a envie de foutre des claques pour qu’il se calme un peu. Pour faire simple, je ne savais pas si la réalisatrice allait m’emmener du côté de Chéreau et Desplechin (que je n’aime pas) ou plutôt du côté de Kusturica.
Mes heureusement, les scènes d’hystérie chorales sont tellement énergiques et drôles que c’est finalement la générosité des personnages qui finit par primer sur leurs failles. Et puis au niveau de la mise en scène, c’est carrément maitrisé car Léa Fehner parvient à jongler d’un des nombreux personnages à l’autre (il n’y a pas ici de premier rôle) avec une fluidité étonnante dans des cadres pourtant difficile à capturer (la scène toujours en mouvement, la procession des caravanes…)
Au final, au bout de près de deux heures et demi, j’étais bien content d’avoir été malmené et d’avoir pu parcourir un bout de chemin avec cette troupe de théâtre. Très bonne surprise.