Une poule sur un mur, qui picotait une tête dure

Après l’énorme succès de Psychose, Alfred Hitchcock s'inspirant de la nouvelle éponyme de la romancière Daphne Du Maurier, revient avec un thriller horrifique: Les oiseaux. Milliers d'oiseaux dressés pour l'utilisation de trucage contribuant à créer une ambiance terrifiante, usage de fonds verts et bleus, ce film, qui lança la carrière de la magnifique Tippi Hedren marqua le cinéma des années 60. Classique du cinéma d'épouvante, retour sur ce vieux film ne laissant pas indifférent.


Les oiseaux sont fous restez chez vous !


Amis fans de films d’horreur sortant de l’ordinaire, salutations. Aujourd’hui, Alfred Hitchcock et moi-même souhaitons vous parler de nos amis…les oiseaux. Après ce film, vous ne les regarderez plus de la même manière. Les graines, vers et poissons ne leurs suffisent plus. Nous les nourrissons généreusement l’hiver, et voila comment ils nous remercient.


Maisons, restaurants, école, vous n’êtes à l’abri nulle part. Ils sortent par votre cheminée, éclatent vos vitres pour vous picorer les yeux, vous chiquer les doigts, vous lacérer votre doux visage. Qu’on aurait aimé pour nos héros que le double vitrage existe à cette époque. Fin du monde ? Epidémie ? Phénomène surnaturel ? Le mystère reste entier, et c’est ce qui fait tout le charme du film.


Tout ce que l’on sait, c’est que les volatiles en veulent sérieusement aux êtres humains. Désormais, ce ne sont plus les humains qui chassent avec plaisir les oiseaux, ce sont les oiseaux qui chassent avec plaisir les humains. Leur met favori : les petits enfants, surtout les roux et les fillettes à lunettes. Et si finalement les oiseaux n’étaient pas nos messagers ? Et s’ils n’avertissaient pas d’un mauvais présage. Et si c’était EUX, le mauvais présage ?


Mélanie Daniels, blonde sexy mais psychopathe en devenir


Début calme introduisant nos personnages principaux, arrivée sur les lieux de notre future histoire, pas mal de parlotte, comme n’importe quel film d’horreur, il faudra s’armer de patience avant de voir un peu d’action. Ca tombe bien, ça ne rendra que plus délicieux l’amplification des hostilités de nos oiseaux.


San Francisco, dans les années 60. Mélanie Daniels, jeune femme intelligente magnifique, débrouillarde, a qui on donnerait son cœur, n'a visiblement rien à faire pour occuper ses journées que de ce venger d'un type qu'elle ne connait même pas en allant directement le voir dans la ferme de son enfance. Immaturité délirante? Folie? Ou carrément une psychopathe? On ne sait pas, en tout cas, elle nous fait autant rire que frémir. La vengeance virera finalement à un jeu de séduction tournant très vite mal lorsqu’inexplicablement, Mélanie se fait attaquer par une mouette. Vengeance personnelle ? Qu’importe, ce n’était que les prémices d’une nouvelle attaque de plus grande envergure.


Mélanie, a finalement apprit que Mitch, le mystérieux homme qu'elle harcèle, vient régulièrement à Bodega Bay pour voir sa moman, une femme terrifiée à l'idée que son fils fasse sa vie et la laisse dans l'oubli. Après avoir enterré un peu trop rapidement la hache de guerre, passé un petit diner agréable, puis une nuit chez une éducatrice éprise de Mitch, Mélanie est invitée par Cathy, l’adorable et fragile petite sœur de Mitch, tombée sous le charme de la jeune femme depuis que cette dernière a apporté des petits inséparables non affectés par la folie.


Voila que l'anniversaire tourne au désastre lorsque des oiseaux s'invitent à la fiesta pour attaquer tous les pauvres gosses. Elle va s’en rappeler de son anniversaire la Cathy. Quant à la suite, ce ne sera que peu réjouissant. Au programme : suspense, terreur, stress, griffures ensanglantées, yeux CARREMMENT arrachés (on ne montrera que le résultat), hurlements, courses, héros se barricadant chez eux, solidarité et compassion. Au moins, on peut compter sur Mitch, beau, grand, fort, et galant pour nous sauver.



Je ne savais pas qu’il y avait autant de corbeaux à Bodega Bay.



Le soulèvement des volatiles est en marche


Le maitre du suspense vous propose de vous immerger dans une petite ville paisible où il fait bon vivre. Son but pervers: étudier vos peurs, vous proposant de jouer avec vos angoisses cachées au fond de vous.


Amity Island, Bodega Bay, qu’il est dangereux de vivre dans des petites villes reculées du reste du monde. Pas de musiques, seulement les cris strident des oiseaux ainsi que le bruit de leurs ailes claquant, Les oiseaux, ou il vous rendra complètement parano, ou alors il vous fera rire par moments. A prendre au second degré ? Il est vrai que même si le jeu des acteurs et actrices est excellent, certaines réactions exagérées font mourir de rire, la vf avec le son en mono n’aide pas non plus. Qu’importe, ce film a le mérite de surprendre. Oui, vers la fin, le rire fait place à la stupeur, la peur. Peur de voir trépasser nos héros pas si forts que ça, peur que ça nous arrive un jour. L'image du cri de Munch a visiblement été la symbolique de notre histoire et celle de son affiche.


Oiseaux réels, faux oiseaux, en regardant le making of du film, on se rendra compte que pas moins de 3000 volatiles dont corbeaux, mouettes et moineaux ont été dressés et utilisés. Il est vrai que l’on remarque le contour des oiseaux lors des scènes d’action, l’usage abusif de fonds verts (on sent les acteurs incrustés sur les quelques arrières plans). La manière de jouer des acteurs, leur style vestimentaire, ça a vieillit et pourtant, le film marche du tonnerre, remplissant largement son cahier des charges du thriller horrifique.



Il y a des oiseaux sur cette planète depuis l’archéoptéryx, il y a 140
millions d’années voyez vous. Ne semble-t-il pas étrange qu’ils aient
attendu tout ce temps pour déclarer la guerre à l’humanité ?



Ils vont vous plumer


Quant à la mise en scène, on ne peut crier qu’au génie rien qu’en voyant la scène de l'école où Mélanie attend la petite Cathy sur un banc en fumant une cigarette, sans se douter que derrière elle, un corbeau, puis deux, puis trois, puis une centaines se posent sur les barres métalliques d'un jeu pour enfants. L'héroïne, pensive, n'a pas conscience de ce qui se passe derrière elle. Nous, si. Le suspense à la Hitchcock se créé. On sait quelque chose que notre jeune femme ignore, on voudrait pouvoir hurler ce qu'il se passe et qu'elle nous entende et fuie.


Une autre scène confirmera le statut culte de notre film : celle de la cabine téléphonique. Même effet que pour la scène de l’école mais en plus violent cette fois. Mélanie, comble de la malchance, se réfugie dans une cabine téléphonique, observant la panique gagnant les rues. Toujours pas de musiques, juste les cris horribles des vilaines bêtes plumées cognant sur la cabine comme des hargneuse. Comment Mélanie s'en sortira t-elle? C’est là qu’on se rendra compte qu’il y a une mélodie dans notre film : les cris des volatiles !


Au final, Les oiseaux d’Alfred Hitchcock, un chef d’œuvre culte, excitant, terrifiant, bien joué, bien mit en scène. Ambiance très spéciale, Tippi Hedren irrésistible, sublime, retranscrivant avec justesse la psychologie de son personnage dépassé par la situation, ce film d’horreur surprenant a beau daté, il mérite d’être vu par tous les fans du genre.

Jay77
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Créée

le 5 mars 2018

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Jay77

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