J'ai mis des blagues pour faire genre ça se lit vite

Surfant sur le succès de Psycho, Alfred Hitchcock offre à son public le techniquement grandiose Birds en 1963. Un film devenu culte aussi bien pour le scénario particulièrement étonnant (l'attaque d'une petite ville par des oiseaux) que pour les prouesses techniques comme je le laissais supposer (on est en 1963, ne l'oublions pas). Mais avant toute chose, j'ai un message pour toi, lecteur. A toi qui lit ces lignes, sache que la critique fut faite par un homme qui se fit la plus odieuse des remarques possibles : « Ha mais enfaite, c'est un film de monstre, mais avec des oiseaux ».

Car, il faut l'assumer, Hitchcock va jouer dans ce film à la limite entre l'horreur et le suspense. Pourquoi l'horreur ? Parce qu'on a un « monstre », un agresseur. Très sérieusement il paraît difficile de ne pas voir ce film comme précurseur de la vague de film zombie. Tous les éléments du film de monstres sont là : la menace incomprise, les attaques répétés, les premiers morts inexpliqués (et si possible visuellement effrayant). Même la bimbo blonde est là avec une Tippi Hedren suffisamment belle pour me faire réaliser le gag de Tex Avery : la langue qui se déplie.
Mais en même temps, ce film n'est pas un film d'horreur. Parce que le monstre n'est jamais vraiment personnifié (quand je vous parlais des zombies!), mais surtout par le peu d'attaques réelles. Que ça soit dans la défense ou dans l'agression, le film est basé d'avantage sur l'attente de l'attaque. Et je ne dis pas ça parce qu'il faut attendre plus d'une demi heure pour avoir la première « agression ».
Plus ou moins volontairement, Hitchcock use des situations horrifiques dans un cadre qui est lié au suspense. Pourquoi dis-je « plus ou moins volontairement » ? C'est pas que je manque de respect envers le maître, mais c'est surtout qu'honnêtement je pense que ça peut, peut-être desservir le film. Mettre de l'horreur dans du suspense c'est souvent tuer le suspense (qui repose sur des effets de longueurs, de mise en abime) au profil de scènes choquantes et crues (et donc au contraire, brèves et directes). Je parlais de Psycho tout à l'heure. Tout l'intérêt est là : Psycho met en scène un tueur, qui pourrait, selon certains être un slasher (même si je pense que dire ça c'est juste pisser sur la tombe de Hitchcock mais bon …), donc un élément d'un film d'horreur, d'un film de monstre (qui est le genre le plus proche du tueur). Mais dans la mise en scène, Hitchcock s'y est totalement refusé, ne mettant en avant que le cadre du suspense. Psycho, c'est 100% thriller, 0% horreur. Birds, c'est plus dur, on est d'avantage sur du 80%, 20%.
Heureusement, je vous rassure, la tension, Hitchcock s'y connait toujours autant. C'est simple, depuis Rear Window, je ne jure que par lui. Il est le seul capable de me faire dresser les cheveux sur la tête, mon cœur ne bat plus, je suis subjugué, effrayé … Et le tout sans une goutte de sang ! Mais on peut pas toujours réaliser un Rear Windows. On fait avec. De manière amusant, les moments les plus tendus me sont apparus comme le début, car on sent toute la pression des rencontres, toutes les symboliques (j'y reviendrais plus tard). Les premières attaques aussi (celle sur l'école notamment). Malheureusement, les situations suivantes tiennent pour moi plus de l'horreur que du suspense, et donc la tension retombe assez (attaque de la ville, barricade dans la maison). J'en profite pour dire que notre génération baignant dans la Zombies Culture, on ne peut que se dire « putain, mais tue les comme ça ! ». A cette occasion, nous serons tous déçus du moment où Mitch ne tue pas les mouettes qui commence à péter la porte et dont on ne voit que le bec (ce qui est dingue c'est comment aujourd'hui cela semble évident …).
Bref, le scénario et la narration m'ont ils convaincu ? Pas tant que ça pour être honnête. J'aimerais faire comprendre que c'est la tension interne à l’œuvre entre horreur (ou monstre) et suspense qui, a mon sens, a tué ce qui pouvait m'intéresser. En même temps, ça apparaissait dans le script même, on ne pouvait faire autrement. Pour la narration … Ba, j'ai envie de dire qu'après Hitchcock, il devrait être interdit de raconter mal des films. Comme toujours, c'est fluide, évident, doux … Du coup, personne ne s'étonne de ne voir débouler l'histoire qu'au bout d'un quart du film …

Il faut dire que les acteurs jouent délicieusement bien. Le duo Tippi Hedren & Rob Taylor est effectivement pour beaucoup dans ce succès. J'ai trouvé Taylor assez bon, et ça semble peu de chose, mais il faut savoir que dans les films de cette époque, j'ai pas forcément beaucoup d'atomes crochus avec les acteurs principaux. Je les trouve souvent trop lisse et vide. Là c'est bien réussi. Miss Hedren joue vraiment bien. J'y reviendrais plus tard tant il est nécessaire de valoriser le talent de cette femme … Mais aussi de la mise en scène. Enfin, les autres actrices sont toute aussi bonnes. Même les personnages secondaires. On a vraiment un beau niveau sur tout le film. La petite qui joue Cathy est assez douée. Mais c'est surtout la mère qui est à tomber.

Passons, si vous le voulez bien à la technique, avant de parler de ce qui me tiens à cœur. Bon, pour la technique, je décompose souvent les films en quelques catégories succinctes : bande-son, cadrage et plan, esthétique, effets spéciaux.
Pour la musique, je vais me permettre d'être rapide. Y en a pas. Et heureusement qu'on me l'a dit. Le talent de Hitchcock est d'avoir le plus souvent possible du bruit (au hasard, celui des oiseaux), pour permettre que l'absence de bruit soit immédiatement identifiable à une monté de la tension. C'est vraiment impressionnant. Pas de musique, et pourtant, on ne saurait le percevoir. Maîtrise absolue de l'espace sonore.
L'esthétique du film (oui, j'ose changer l'ordre d'énonciation) m'a globalement laissé de glace. C'est pas que c'est moche, mais bon. J'ai pas trouvé ça génial. Ça fait le boulot, ça respecte, mais au final, ça souffre de temps en temps des effets spéciaux (voir plus bas). Dans un sens, c'est assez réussi, la ville de Bodega Bay apparaissant comme normal, c'est à dire vide et sans esthétique particulier. La seule qui ressort c'est Mélanie Daniel, mais bon, je vais arrêter de parler de Tippi Hedren, on va m'accuser d'être tombé amoureux.
Pour les plans et les cadrages, c'est vraiment à double tranchants. En gros, ceux avec les oiseaux sont techniquement incroyables (au hasard la scène de fin, et ce malgré un ciel bleu que je n'ai pas du tout aimé visuellement), souvent sublimes il faut le dire (encore que …), mais ceux plus « normaux » … Bon, ok, y a quelques trucs sympas par-ci par là, des plans vraiment beaux. Mais la majorités sont moyens. Une nouvelle fois, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, c'est pas loupé, loin de là. Mais si je compare, justement à Psycho, je trouve que le soin apporté à chaque plan était bien supérieur dans le film de 1960. Peut être est ce une question de ressenti, qui sait ?
Et enfin, faisons nous mal : les effets spéciaux. Alors, en gros, y en a des vraiment biens. Je pense aux faux oiseaux surtout. Ca c'est nickel. Mais bordel, on a trois tonnes de superpositions d'images. Bon, je sais qu'il faut se remettre dans le contexte, etc etc … Je suis le premier à le dire même. Et autant je tolère la superposition pour la voiture qui roule (car Hitchcock le fait particulièrement bien quand on compare aux autres), autant ça … Enfin, surement que c'est génial en faite, mais je m'explique : de toutes les techniques d'effets spéciaux au monde, celle que j'aime le moins c'est celle là ! J'ai HORREUR de la superposition. C'est le détail qui me fait immédiatement sortir du film et me donne envie de m'arracher les yeux avec une petite cuillère rouillée (et j'exagère à peine). Je rassure Hitchcock, ça me le fait dans des films beaucoup plus récent, c'est pas personnel, Alfred. J'ai surement l'air d'exagérer, mais là c'est vraiment un truc que je déteste. Enfaite, je trouve que le délire japonais de mettre un costume de monstre puis de changer la vitesse des mouvement est beaucoup, mais alors beaucoup plus sympa comme effet spécial que ça ! J'ai conscience qu'il y a une part (assez énorme) de subjective, mais ça, ça me tue ! Donc désolé, mais je ne tolère pas ! D'ailleurs, je croie que Hitchcock lui-même le savait car finalement, dès qu'il peut éviter de le faire, il s'abstient. Je sais pas si c'est le fait de comprendre la limite technique de l'époque où une envie de jouer minimaliste pour développer le suspense … Mettons que Alfred étant un génie, c'était les deux à la fois !

Parlons maintenant d'un petit détail qui m'a fait beaucoup aimer le début du film : les stéréotypes. Les films d'Hitchcock souffrent, comme quasiment tous les films qui servent à effrayer (que ça soit la peur, l'épouvante, le choc, l'horreur, etc … Encore que pour l'épouvante, c'est pas sur) d'un manque profond de propos. Regarder un Hitchcock c'est souvent un plaisir esthétique rare. On y voit une véritable leçon de cinéma. Par contre, en terme de réflexion extra-cinématographique, on peut aller se rhabiller. C'est pas vraiment de sa faute, mais les histoires d'espions ou d'assassin, ça a jamais permis de créer de vrais sujets philosophiques (j'dis ça, mais j'ai été tellement déçu par M. Nobody dernièrement, qui se prétendait film qui fait réfléchir que je vais peut être me limiter aux films avec une histoire simple). Généralement, je prend toujours le même exemple comme cinéaste pour montrer ce que je veux dire : David Fincher. Les films de Fincher peuvent se suffire à eux-même mais amène, le plus souvent, une réflexion sur quelque chose d'autres (le capitaliste, le consumérisme, l'amour bien sur, l'évolution de la société). A ce titre, Michael Haneke a carrément accepté le fait que ces films sont des pures dissertations qui n'ont pas d'autres buts que faire réfléchir le spectateur (Funny Game et le rapport du spectateur-voyeur à la violence). Hitchcock, de par son genre de film, a toujours été éloigné de ce type d'ouvrage. Personnellement, j'ai la théorie que si il se réincarnait aujourd'hui, il chercherait justement à faire des films de ce type, les cinéastes « réflexifs » ayant une sorte de côte depuis quelques temps (tout en relativisant quand même).
Pourtant, Hitchcock est un artiste (oui) et de fait, son regard sur la société est particulièrement intéressant. Hitchcock voit le social comme un outil au service de son art, il entend jouer des codes sociaux que nous connaissons pour créer aussi bien des intrigues que des moteurs à ces histoires. Ici c'est particulièrement vrai tant on voit le nombres de codes qu'Hitchcock prend et utilise. Au passage, le plus surprenant est que le maître du suspense les respecte particulièrement, lui qui a plutôt tendance à les fouler du pied ! Globalement deux points sont à retenir, deux points qui n'en forment qu'un : les stéréotypes des personnages (et particulièrement féminins) et le rapport qu'entretiennent les femmes avec Mitch.
Les personnages dans Birds sont une suite de stéréotypes hollywoodien qui ferait mal à la tête à un producteur tant c'est du déjà vu. Pourtant, leurs utilisations sont parfaites, très justes et particulièrement bien maîtrisées. Pour autant, comment nier que Annie, l'institutrice remplisse parfaitement le rôle de « The Girl next door ». Brune, jolie, elle est également l'ex éconduit, toujours captivée par le héros. Mélanie est la parfaite blonde. Magnifique, séductrice et manipulatrice, elle n'hésite pas à mentir et obtient toujours tout ce qu'elle veut. Hitchcock en use et en abuse, surtout au début du film. Le but étant de montrer que justement, le personnage est bien plus que cela. Nous avons également une mère pas possessive et jalouse, mais qui tient quand même à garder son fils (écho de Psycho?). La petite sœur joue le rôle de celle qui accepte Mélanie dans la famille et est facilement attendrie, elle représente également ce qu'il faut protéger avant tout (permettant ainsi au cercle des personnages de ne jamais se déchirer sur leurs priorités : la priorité c'est Cathy).
Tout cela est intéressant de par le rôle de Mitch. Séducteur et joueur, il a ce statut de l'homme qui « chasse » les femmes comme le laisse sous-entendre Annie. Gentil et prévenant il est malgré tout attaché aux lois (avocat) et est très poli. Il est l'homme juste. Mais au sein de son foyer, il joue le rôle de fils, mais aussi de père depuis le décès du sien. Tout le film peut se résumer d'ailleurs à son évolution en devenant un sur-père. On notera la force de la séquence où sa mère lui reproche de ne pas être aussi bien que son père. Certes, ce n'est qu'une phrase, mais c'est là tout le propos fondamental du film : l'évolution de Mitch. On notera qu'il appelle d'ailleurs sa mère Dearling. C'est pour ça que sa mère a une jalousie non-jalouse envers ses copines, car Mitch et elles sont des « amants » sociaux. Ils ont un rôle plus ou moins équivalent dans le foyer : elle est la mère et lui représente le père. Il a autour de lui son ex (Annie), sa mère/compagne, sa fille/soeur (Cathy) et bien sur Mélanie, qui concrétise bien des choses. Cathy, comme je l'ai dit représente tant à protéger, tant à sécuriser qu'elle apparaît comme un substitut de fille, rajoutant encore de la force à l'idée que Mitch est en réalité un père symbolique. Mélanie apparaît ici de manière étonnante, son rôle étant celui plus d'une amie, d'une grande sœur, que d'une autre mère … So what the fuck ?
Mitch doit sauver tout se petit monde (avec un taux d'échec accepté de 15%) des dangereux oiseaux (plus jamais je ne me moquerais des méchants d'un film d'horreur). Ce faisant, il réussira à conserver son « foyer » et donc à s'affirmer entant que mâle (quand j'ai dis que pour une fois Hitchcock n'allait pas contre les codes). Cependant, cette affirmation de supériorité par rapport à son père, lui permet de tuer (virtuellement) ce-dernier, résolution du complexe d’œdipe (suck my Freud!). J'exagère même pas. Globalement, on peut dire que c'est en s'affirmant comme meilleur que son paternel qu'il obtient la force sociale de s'éloigner de sa mère (enfin, après le film hein). Mélanie apparaît comme celle qui ramène de l'ordre : en étant séduite par Mitch et en tombant amoureuse de lui (bien qu'enfaite, c'est elle qui commence), elle devient sa « compagne » (notons d'ailleurs le magnifique sous-entendu sexuel de Hitchcock), enlevant ce rôle à la mère. En devenant amie avec Cathy, comme une sœur, c'est à dire une « belle-soeur », la copine de son frère, elle enlève le rôle de fille à Cathy. Bien que celle-ci ne s'en soucie pas, on voit l'évolution. La cellule familiale évolue pour passer du statue d'une famille sur deux niveaux (les parents et les enfants) à une famille à trois niveaux (grand-mère, parents et sœur, mais plus jeune).
La scène de fin où la mère et sa futur belle-fille sont l'une contre l'autre est fort de ce symbolisme prouvant l'acceptation, par l'épreuve de cette évolution.
Et là, il y a une forte chance qu'on me dise que j'ai fumé, je n'en aurais cure. Hitchcock était un expert des relations sociales (tout en étant passablement handicapé lui même sur ce sujet là). Il maîtrisait ce domaine comme peu de gens, et si ça sonne souvent si juste dans ces œuvres c'est justement parce qu'il connait le réel et la société. Désolé si les psychologues et les sociologues vous font peur, mais le réel c'est ça. Pour ceux que ça intéresse ou qui pense que ma démonstration est trop simple, je vous conseille de lire les travaux de Clément Deflem qui s'est amusé à voir à quel point le modèle familiale de Parsons se retrouve chez Hitchcock. C'est particulièrement amusant.


Nous voilà arrivés à la fin de ma critique (c'est pas trop tôt se disent certains parmi vous). Je suis pas peu fier de moi : j'ai arrivé à mettre en avant que les films de Hitchcock ont souvent un propos très profond (les relations sociales) que le maître lui-même assume plus ou moins selon ces films. Dans Birds, c'est totalement accepté. Mais malheureusement, ça sauve pas les faiblesses de tensions suite au côté horrifique, ça n'enlève pas non plus les effets spéciaux que je trouve pas toujours juste. Le talent des acteurs est là, ainsi que la beauté scénaristique et narrative. Mais, désolé Alfred, aujourd'hui, tu n'auras qu'un sept.
mavhoc
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le 18 avr. 2014

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