Elegy written in a Country Churchyard, Thomas Gray

The boast of heraldry, the pomp of power,
And all that beauty, all that wealth e'er gave,
Awaits alike the inevitable hour.
The paths of glory lead but to the grave.

Nor you, ye proud, impute to these the fault,
If Memory o'er their tomb no trophies raise,
Where through the long-drawn aisle and fretted vault
The pealing anthem swells the note of praise.


Les sentiers de la gloire
The paths of glory, film de Stanley Kubrick sorti en 1957, produit et interprété par Kirk Douglas d'après un livre de Humphrey Cobb paru en 1935.

Ce film marque le ton dès le début avec une marseillaise qui finit précipitamment sur un accord sombre. Il raconte l'histoire du 701ème régiment d'infanterie de l'armée française, qui en 1916, terré dans ses tranchées, épuisé et affamé, se voit contraint par un général rêvant d'une étoile supplémentaire de tenter la prise d'une colline aux mains des allemands à 200 mètres de leurs positions derrière les barbelés, le no man's land et sous les tirs de mortier et de mitrailleuse. Le colonel Dax interprété par Kirk Douglas conscient de l'absurdité de cet ordre est malgré tout contraint de l'exécuter. L'attaque est un échec. Certaines compagnies ne quittant même pas les tranchées, leur commandant étant tué avant d'en sortir. Le général, fou de rage ira même jusqu'à ordonner à l'artillerie de faire feu sur ses propres troupes qui refusent d'avancer, ordre que l'artillerie refusera d'exécuter. Après la bataille, le général exige que des hommes soient passés en cour martiale pour lâcheté face à l'ennemi et soient mis à mort. Indigné par cette cruauté absurde, le colonel Dax prends la défense des trois hommes désignés par leurs sous-officier ou tout simplement tirés au sort pour l'un d'eux. Malgré toute sa détermination, il ne réussira pas à sauver ces pauvres soldats, qui n'ayant pas pu tomber sous les balles allemandes durent tomber sous les balles françaises.


Une histoire vraie, une vision dépendante du contexte.
Qu'est ce qui est vrai dans ce film? Tout. Tout sauf ce que Kubrick ne pouvait pas imaginer autrement. Ainsi, au cours du procès, on entend le procureur lancer des objections au colonel Dax chargé de la défense, on voit aussi un capitaine exiger un ordre écrit du général pour exécuter un ordre et on voit le colonel Dax contester ouvertement un supérieur en face de lui, des éléments typiquement anglo-saxons qui ne se seraient jamais vu dans l'armée française, encore moins en 1916. On sait que ces choses-là ne se passaient pas, même si les officiers du terrain n'étaient sûrement pas dupes de l'absurdité de ce que l'on pouvait leur demander de faire.
Cela n'enlève rien à la justesse du propos. Ce film est un chef d'œuvre, décrivant avec justesse les absurdité de la guerre par son message pacifiste.


Une censure historique.
J'insiste là-dessus, car la vision historique est très importante pour comprendre pourquoi ce film a dû attendre quinze ans après sa sortie officielle avant d'être projeté en France. Même si un tel organe de censure existait (et existe encore), ce film n'a pas fait l'objet de censure de la part de l'Etat français. Non, après le scandale provoqué chez les associations d'anciens combattants lors de sa sortie à Bruxelles, le distributeur du film en France n'a même pas demandé de visa d'exploitation pour le film. Il n'a même pas essayé de le sortir et de se battre pour le film.


Pourquoi une si vive réaction en 1957 et pas en 1975? Il faut replacer ce film dans le contexte de l'époque et bien comprendre qu'on ne le voit pas avec les mêmes yeux en 1957 qu'en 1975 ou en 2008.

Romain Gary, qui était alors consul général de France à Los Angeles fut invité à la première du film car la femme de Kirk Douglas était française. Sorti de la projection, il estimait que, même si ce que ce film racontait était vrai, ce qui était sans doute le cas, on ne devait pas montrer ce film en France. Il pensait qu'il serait bien coupable de montrer une telle image de l'armée française. Pourquoi cela? Encore aujourd'hui, la France est peu encline à faire son devoir de mémoire sur son passé récent. Alors, imaginez en 1957 où elle venait de subir une défaite cuisante en Indochine et elle menait une guerre qui ne portait pas son nom en Algérie. Ce que redoutaient les gens, c'est qu'on identifie cette armée française représentée dans le film à celle présente en Algérie.

Intéressant de voir comment avec le temps, la même œuvre peut être regardé différemment. En l'occurrence, il s'agit d'un chef d'œuvre, à voir ou à revoir.
MisterPH
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le 14 sept. 2012

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MisterPH

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