Avant Flammes et après Le château de Pointilly, Arrieta engage des moyens rudimentaires (le générique parlé et papier en attestent dès l'ouverture) pour mettre au point Les Intrigues de Sylvia Couski. Ce film court, à la limite du pseudo-documentaire infesté de fictions parcellaires, se déroule dans un Paris underground avec une gueule phare du bis francophone (Howard Vernon) pour jouer l'artiste et des femmes transgenres dans les rôles principaux.


La plus renommée est Marie-France, alors connue en tant que sosie de Marilyn Monroe ; c'est son premier rôle au cinéma (hormis une [probable] figuration dans Les chemins de Katmandou avec Jane Birkin), en compagnie de sa camarade de combat (comme activiste des 'Gazolines') Hélène Hazera. Elle apparaîtra plus tard chez Téchiné (Barocco et Les Innocents) et joue dans Sylvia Couski son propre rôle ou quasiment, pendant que les autres sont des modèles perdus ou la cible désignée par une sorcière civile (Michelle Moretti).


Par rapport aux autres essais d'Arrieta, celui-ci est plus franc y compris dans sa recherche de décalage. Le cinéaste est davantage créateur d'images, son œuvre à la fois plus 'rattachable' et plus jusqu'au-boutiste. Le résultat reste mystérieux, ambigu, dans le flux plutôt qu'avec la logique – comme semble apprécier l'auteur. Le traitement narratif est absurdiste sans que le contenu soit mirobolant, donc beaucoup de spectateurs resteront sur le bas-côté avec de bonnes raisons à faire valoir.


Le scénario est évanescent et les objectifs absents, la ligne principale semble elle-même se diluer et les antagonistes sont obsolètes quand ils ont le bonheur d'exister. Forcément cela mène à quelques séquences de plusieurs minutes où il ne se passe presque rien (la réception ; elle dans sa cabine à écouter un vieil air). Il s'agit alors d'animer cet appesantissement – c'est assuré avec nonchalance. Dans l'ensemble on voit des fragments du quotidien d'authentiques fausses divas – à la fois basique et haut perché, jamais vulgaire, parfois sinistre.


https://zogarok.wordpress.com

Créée

le 24 mars 2017

Critique lue 487 fois

1 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 487 fois

1

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2