Life est un blockbuster américain. En une phrase, le lecteur a pu tout comprendre ce dont il s'agissait. Le film raconte l'histoire d'une base spatiale étudiant un spécimen de cellule martienne qui évolue et devient un terrible monstre qui décimera tout l'équipage. Ce film comporte toutes les recettes connues et efficaces parfois de ce genre de films, à savoir un long prélude, une montée de tension, un moment d'action pour finir avec un retournement de situation. Dans ce film, tout est raté ou presque. La longue mise en place de l'intrigue est insupportable de politiquement correct et il n'y a guère que les exploits graphiques limités pour faire passer la pilule : une équipe spatiale aux héros peu profonds et tous caricaturaux, des répliques à la roule moi les couilles dans la laitue sur la guerre, les êtres humains et le handicap qui feraient passer Oui-Oui pour le Gai Savoir de Nietzsche. Ne parlons pas non plus de la vision américano-américaine de la conquete de l'espace qui pense encore en 2017 qu'elle est tripolaire : Russie, Chine et Etats-Unis. Evidemment, le réalisateur tente d'atroces touches d'humour new age américains que ne renieraient pas les youtubeurs imprégnés de cette culture décérébrée, le tout avec des voix de doublage qui nous donnent envie d'assassiner chaque personnage.


Lors de la montée de tension, ce qui est peut-être la seule et unique partie réussie du film, sans que cela soit exceptionnel, les recettes classiques remplissent d'angoisse le spectateur notamment lors de la noyade de l'astronaute russe. Cependant, ce n'est pas pour autant la folie à Miami, s'il faut payer une place de cinéma pour se faire une petite peur de 2 minutes, je préfère encore lire un Chair de Poule. La créature peut sembler réussie car elle sort de l'anthropomorphisme (ce qui devient une mode), mais pourtant le bât blesse très vite après quelques minutes car elle est des millions de fois moins complexe et réussie que dans Premier Contact et mille fois moins traditionnel qu'Alien. Evidemment, lors de la phase d'action, toujours la même tradition américaine du choix sacrificiel pour la patrie du héros qui veut s'en sortir et sauver l'humanité de cette animal fou furieux. C'est à se demander si les réalisateurs ont un peu d'esprit critique ou de volonté de se démarquer ? A côté de ce film, même Seul sur Mars passerait pour un film digne d'oscar, et c'est tout de même un exploit.


Le dénouement est non seulement prévisible, mais tellement vu et revu qu'il en devient ennuyeux. Car c'est l'ennui qui s'installe dans le dernier tiers du film à un tel point qu'on souhaite la mort des personnages pour aller dormir ou manger. Même mes toilettes me semblaient plus exaltants que la fin de l'intrigue de ce film commercial aux ambitions pécuniaires. Ne parlons pas également du scientisme insensé, de grandes erreurs classiques de cohérence ou encore des différentes scènes d'actions irréalistes qui ne nous font finalement pas rêver. Enfin bref, le cinéma américain peut accoucher de grandes merveilles (Tarantino, les frères Coen, ...) mais il peut également chier de la belle merde. (Comme ce film, cqfd).

PaulStaes
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le 20 juil. 2017

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Paul Staes

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