Lifeforce part d’une idée plutôt bonne qui aurait pu aboutir à une œuvre à la croisée de la science-fiction, de l’épouvante et de l’érotisme : soit la création d’un personnage-corps féminin dont les formes sensuelles révèlent la faiblesse congénitale du masculin, incapable de résister aux charmes – à entendre dans la polysémie de son étymon latin, aussi bien les attraits sexuels que les sortilèges – de la belle nue.


Aussi, nous étions en droit d’attendre une réflexion plus poussée sur les représentations de la femme dans un certain cinéma bis et les effets produits sur le spectateur, sur cette banalisation de la nudité que Tobe Hooper exacerbe, mais qu’il n’interroge pas assez. Tout se passe comme si Hooper lui-même était fasciné par ce corps déambulant de façon lascive et oubliait à mi-parcours ses intentions initiales. Au bout du compte, son film ne vaut que pour son ouverture assez impressionnante – l’intérieur du vaisseau exploré ressemble à une grotte Art déco, ses chauves-souris statiques à des installations d’art contemporain – et ses transformations/dégradations sources de dégoût et de fascination mêlés. Car il faut bien reconnaître que l’écriture des dialogues s’avère des plus piteuses, à commencer par ce personnage-narrateur, le professeur Hans Fallada, qui n’est là que pour expliciter les situations et faciliter la compréhension d’un ensemble qui aurait gagné à cultiver l’opacité, à s’engouffrer dans des zones d’ombre.


Divertis nous le sommes, certes, dans la mesure où Tobe Hooper est un bon faiseur. Mais nous restons quand même sur notre faim, d’autant que quelques mois après Lifeforce sortait Terminator avec, cette fois, un homme tout nu.

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le 20 juin 2020

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