Lilo & Stitch
6.7
Lilo & Stitch

Long-métrage d'animation de Chris Sanders et Dean Deblois (2002)

Passé relativement discrètement à sa sortie, en plein creux de la vague pour Disney qui peinait depuis son dernier soubresaut de qualité (le beau Mulan), Lilo & Stitch a carrément esquivé mon radar à dessins animés.
Pourtant, je déplorais de tout mon être le débarquement massif de l'image de synthèse dans le domaine (je n'étais pas encore tombé sous le charme des magnifiques productions Pixar, forcément) et aurais dû me jeter sur un vrai dessin animé aux couleurs magnifiques et à l'animation exemplaire digne d'un Don Bluth. Mais les douches froides successives que représentaient Le Bossu de Notre Dame, Pocahontas (pas tant dans la réalisation, qui pour les deux était tout à fait honorable, mais les chansons m'étaient devenue insupportables, les traductions bâclées, et la magie plus vraiment là...) m'avaient bien calmé et j'avais décidé d'arrêter les frais : Disney s'était vautré dans la redite, la recette, et la poudre aux yeux ne masquait plus les grosses ficelles vert dollar.

C'est finalement en jouant à l'excellentissime Kingdom Hearts Birth By Sleep que je me suis souvenu de l'existence d'un "grand" Disney que j'avais loupé, et ça tombait bien, j'étais dans une crise de boulimie animée, et je commençais à tâter le fond du panier.
Et pourtant, j'en garde une impression en demi teinte, malgré la réalisation tout à fait exemplaire, et le patchwork de scènes réussies.
Difficile d'apprécier un film où aucun des personnages ne vous est vraiment sympathique. Vous allez me dire, c'est un peu le principe, que la gamine et la peluche sont des antihéros d'office, mais même dans cette veine, le film reste dans la demi teinte, se vautrant dans le sucre dans le final avec un retournement de caractère pour Stitch trop radical pour être crédible, abandonnant en bloc son coté canailloux pour devenir un bisounours.
Du coup, ce sentiment d'avoir le cul entre deux chaises ne m'a pas quitté et était moyennement agréable. J'ai un problème, qui plus est, avec les sales gosses qui n'en font qu'à leur tête (pulsions homicides à l'appuià, et je ne vais pas voir des films d'animation pour goûter à la misère sociale d'une famille dysfonctionnelle, malgré la relative intelligence avec laquelle le cadre est posé.
La société extraterrestre, si elle permet aux créateurs de donner dans un gigantisme particulièrement agréable à l'oeil, reste pour le coup définie du bout du crayon, et se retrouve elle aussi ballottée entre deux extrêmes, son coté uberfasciste d'un coté et une dimension "humaniste" de l'autre, qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Et du coup, ici aussi on a l'impression qu'on ménage la chèvre et le choux et au final, un sentiment d'inachevé ambiant vient pourrir le tout. Fort heureusement, le rythme de l'action vient compenser les incohérences globales et on a à peine le temps de remarquer à quel point tout ça ne tient pas debout qu'on se retrouve à nouveau sur Terre.

Bref, une prouesse d'animation dans une ère où l'image de synthèse remplace généralement la gouache et les crayons, un scénario plutôt sympathique sur le papier, mais au final, le résultat est trop caustique pour attirer la sympathie et faire rêver, et pas assez pour être jouissif.
En résulte un Lilo & Stitch coincé dans un entre deux moyennement satisfaisant, pourtant mâtiné de scènes de bravoures et de gags bien pensés, parfois piquants (et bon, voir Stitch reconstituer une scènes du film du gigantesque Bert I Gordon, le Saint Patron des petites bébêtes devenues géantes, ça vaut quand même son pesant de cassoulet à la graisse d'oie).
toma_uberwenig
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le 27 août 2013

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toma Uberwenig

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