Avec sa seule nomination à l'Oscar du meilleur second rôle masculin, Little Big Man est plutôt passé inaperçu à sa sortie. Pourtant fort de subtilités, d'acteurs impeccables et d'une image somptueuse, il faudra attendre un moment avant qu'il ne soit bien reçu aux Etat-Unis.
A l'instar de Mowgli, le personnage de Dustin Hoffman dans Little Big Man se retrouve tiraillé entre deux cultures très différentes, avec des relations conflictuelles. Au-delà de la peinture historique que propose le film concernant la Conquête de l'Ouest (qu'on peut aisément interpréter comme une critique de la Guerre du Vietnam ), Little Big Man conte surtout l'histoire d'un homme à deux facettes, constamment en conflit interne, et je pense que c'est c'est ce conflit qui l'empêche de mourir, comme s'il ne pouvait pas partir tant qu'il n'avait pas réglé sa lutte intérieure.
Un peu comme le duo de Bonnie et Clyde, Le personnage de Dustin Hoffman est spontané et donne l'impression de prendre la vie comme elle vient, de se laisser porter, sans savoir ce qu'il veut et s'il le veut vraiment. Mais tandis que Bonnie et Clyde s'engagent dans une voie sans issue, la vie de Jack Crabb s'apparenterait plutôt à un rond point, que l'on perçoit nettement avec ses personnages récurrents qui n'évoluent jamais dans le bon sens, mais au contraire qui vieillissent en fortifiant leurs vices. C'est en tout cas le cas pour tous les personnages blancs. Et en cela, le film s'inscrit clairement dans le mouvement du Nouvel Hollywood.
Mais Arthur Penn reconnaît une toute autre lecture, bien plus personnelle : le conflit intérieur que vit Jack Crabb serait la métaphore de ce qu'a ressenti Arthur Penn enfant, alors que ses parents divorçaient. C'est une interprétation assez touchante et très pertinente, que l'on parvient vraiment à percevoir alors que Crabb est partagé entre le modèle blanc et le modèle indien.
Si le film possède plusieurs niveaux de lecture concernant son fond, il est également assez impressionnant sur la forme. Je ne comprends pas qu'il n'ait pas été nominé pour ses costumes, ses maquillages ou ses décors, pourtant très fidèles et immersifs, si bien qu'il peut vraiment être considéré comme un tableau de l'époque. Les reconstructions de batailles sont purement sensationnelles.
Little Big Man fait partie de ces films qu'on prend plaisir à découvrir, mais encore plus à redécouvrir et à approfondir. Malgré quelques longueurs, la vie de Jack Crabb, riche d'expériences et de cultures diverses, suscite la passion du spectateur.
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