Remarqué pour son court métrage de fin d'étude : "Cowboys & Angels", réalisé à l'âge de 20 ans, James Gray tape dans l’œil du producteur Paul Webster, qui lui propose de réaliser un long métrage à l'âge incroyable de 23 ans.
Ce producteur est-il donc un baisé de la tête ? Car il faut quand même être un sacré malade pour faire confiance à un aussi jeune cinéaste pour un projet de cette envergure. Et pourtant, ce fou, qu'est-ce qu'il a eu raison d'osé.


Little Odessa est un film intimiste entièrement écrit par James Gray lui-même en s'inspirant de ce qu'il a vécu. Le film dispose d'acteurs exceptionnels, avec tout d'abord l'excellent Tim Roth dit Mr.Orange qui a su attiré tout le reste du casting avec notamment le prometteur Edward Furlong (et non Furoncle) dit Petit Terminator 2. Et nous trouvons entre autres une fourchettes d'acteurs méconnus, mais tout aussi convaincants.


James Gray nous livre un polar tendu, un drame familial. Dès la première scène nous assistons à une exécution remarquable, et Joshua se voit confier une nouvelle mission, qu'il accepte à contre cœur, qui le ramène dans son quartier natal : Little Odessa, à New York. Quartier qu'il a abandonné, tout comme sa famille qui y vit, à cause de problèmes mafieux.


Le jeune cinéaste prend son temps, ce qui peut peu sembler déconcertant au début où le film peut paraître un peu mou voir trop calme, mais une fois immergé, on se rend bien compte que ces silences disent plus que les mots. La tension de Brooklyn est stressante mené par une mafia ukrainienne et notre intrus au regard froid. Mais Joshua est un intrus avant tout pour sa famille.
C'est cette rupture familiale montré qui est exceptionnelle. Cet homme rejeté n'est pas à plaindre, car malgré sa situation, c'est peut-être celui qui s'en sort le mieux. Renouer les liens, c'est tout ce qu'il veut avant de repartir.
Avec son frère, enfant qui gâche son avenir scolaire en faisant l'école buissonnière qui passe son temps à fumer dans les musées ou au cinéma.
Il veut également prendre un contacte avec sa triste mère, cancéreuse, qui souffre perpétuellement.


Psychologiquement les personnages sont extrêmement intéressant, que ce soit notre Joshua tourmenté, comme son petit frère sans avenir glorieux, ou encore cette mère qui souffre psychologiquement par cette situation et physiquement par son cancer. Impossible d'être insensible quand on se remémore cette scène presque érotique, où elle se débat dans les bras de son mari en tapant contre les murs, torturé par cette abomination qui la ronge de l'intérieur. Enfin ce père, détestable ou admirable, désespéré qui n'est pas celui qu'il avait l'ambition d'être, déçu par ses enfants auxquels il a consacré son temps à les élever pour qu'ils deviennent au final chômeur ou gangster.


23 ans, et déjà débordant de talents. James Gray est un réalisateur prometteur qui a su s'affirmer en tant que l'un des meilleurs réalisateurs de son époque. Chaque scène est un délice, et les exécutions sont comme des leçons de mise en scène. Little Odessa est un étrange film qui ne plairait pas à n'importe qui, mais on ne peut qu'être admiratif de cette maîtrise du drame mêlé à ce polar haletant à la chute déstabilisante.

Alex-La-Biche
8
Écrit par

Créée

le 28 mars 2014

Modifiée

le 28 mars 2014

Critique lue 408 fois

6 j'aime

Alex La Biche

Écrit par

Critique lue 408 fois

6

D'autres avis sur Little Odessa

Little Odessa
Sergent_Pepper
8

Requiem for a teen.

L’entrée en cinéma de James Gray se fait par un geste aussi fort que naïf : dans une salle obscure, face à un western dont la pellicule finit par brûler. La symbolique est ambivalente : fin du...

le 13 sept. 2016

59 j'aime

4

Little Odessa
drélium
5

Critique de Little Odessa par drélium

Il y a quelque chose, du James Gray surement, faut aimer... C'est incroyablement déprimant et remporte une certaine unanimité qui m'étonnera toujours. C'est bien joué assez logiquement avec Tim Roth...

le 22 juin 2012

35 j'aime

9

Little Odessa
Kiwi-
8

Childhood Poverty.

Comme les matriochkas, « Little Odessa » enchaine au milieu d’une tragédie familiale un thriller obscur se composant de plusieurs facettes. Chronique d’une famille russe égarée à Brooklyn et dont...

le 15 mars 2016

31 j'aime

2

Du même critique

Amadeus
Alex-La-Biche
9

Mozart Fucker

Moi, je m'en tamponne la clarinette de Mozart. D'autant plus qu'il ne s'agit même pas d'un vrai biopic sur le compositeur, mais simplement d'une adaptation éponyme d'une pièce de théâtre signée Peter...

le 22 oct. 2014

117 j'aime

36

Mommy
Alex-La-Biche
10

Mommy fait bander

"- Ce soir je vais à la projection de Mommy" - Ah tu vas voir La Momie ! - Non Mommy. - Bah le truc égyptien ? - Non, le dernier film de Dolan. - Ahh celui qu'à fait les Batman ?! - Euh... Non lui,...

le 30 sept. 2014

110 j'aime

38

Chambre 12
Alex-La-Biche
2

Chambre Bouze

Remarquée en 2013 dans l'émission beauf la plus tendance du moment, The Voice, la plus belle voix, où elle atteint la demi-finale, Louane obtient une plus grande notoriété en 2014 grâce à son premier...

le 1 juil. 2015

101 j'aime

40