Décadent et décapant. Marvel se renouvelle

Décadent Logan à l’esthétique sale et aux gueules cassées, usées, meurtries par le temps et ses affres. James Mangold livre un final coup-de-poing, âpre et ultra-violent - parfois un peu trop d'ailleurs - qui détonne dans la production super-héroïque actuelle et dont on ressort profondément abîmés ; rarement rugosité avait été aussi totale et retournements scénaristiques aussi brutaux, ne faisant aucune concession à des personnages sur le déclin. Car Logan est un film sur la fin de vie, celle d’un mythe qui tire malgré lui sa révérence et emporte dans la tombe d'un X marquée ses moments de gloire mais surtout ses heures sombres que chaque nuit ressuscite telle une malédiction. Le Ciel est vide mais l’Enfer est proche ; on en sent les marques posées au fer rouge par une société malade, rongée par le culte du progrès au point de mettre à mort toute conscience morale, toute distinction entre le bien et le mal. L’homme agonise dans le sang et la poussière, regrette une vie passée à détruire là où l’amour pourtant pouvait briller comme pétillent les yeux innocents de l’enfant témoin malgré elle de la barbarie humaine. À vous, enfants, de rebâtir le bonheur à partir des comics colorés et d’une solidarité au-delà des visibles différences. Quand Peter Pan rencontre Mad Max. Improbable mariage qui débouche toutefois sur un excellent film détonnant et neuf, accompagné par l’efficace composition musicale de Marco Beltrami.