Feel good movie dans l’est de la Virginie. Deux frangins prennent leur revanche sur la société américaine et se lancent dans une aventure herculéenne et drolatiquement stupide: un braquage amateur de la légendaire course de NASCAR en Caroline du Nord. Avec Channing Tatum, Adam Driver et Daniel Craig, Steven Soderbergh daigne enfin sortir de sa retraite !


Logan Lucky met en scène des oubliés devenus bandits malgré-eux. En ce sens, c’est une sorte de “Ocean” inversé. Jimmy (Channing Tatum) et Clyde Logan (Adam Driver) interprètent des estropiés de la vie, de gentils crétins d’eau douce qui tenteront un braquage comme un ultime doigt d’honneur à une société qui les laisse pourrir. Le premier vient de perdre son travail et la garde de sa fille tant dis que l’autre, serveur et manchot, célèbre duo gagnant, végète dans une sorte de “diner” de bord de rocade. Il y a ce travail sur le comique de situation, les répliques, les mimiques et la dialectique. La recette a déjà fait ses preuves, la béchamel prend et offre au duo un burlesque de boulevard parfaitement jouissif.


Dans cette course contre la médiocrité, Soderbergh dévoile une galerie d’anti-héros jubilatoire façon Burn After Reading des frères Coen. La direction des acteurs est impeccable. De Riley Keough arrière petite fille d’Elvis Presley, détonante de kitsch dans le rôle de la soeur jusqu’à Daniel Craig, l’excentrique version blond platine d’un Jailhouse Rock. Les ringards se prennent pour les nouveaux Cartouche du 21ème siècle et foncent avec une insouciance adolescente. Leur philosophie de vie est simple “On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher…” C’est drôle, c’est corrosif, saupoudré d’humour noir, bref jusque là tout va bien.


Mais à l’image d’un récent Baby Driver par exemple, Logan Lucky appartient sans nul doute à cette génération de cinéma “COOL”; en d’autres termes, un cinéma qui dans son genre, ne raconte pas grand chose mais le réalise extrêmement bien! Certes il y a un discours sur une Amérique blanche post Trump et en quête de revanche, mais Logan Lucky est un échantillonnage de petites ambitions, adorablement mis en scène par ailleurs, mais qui laisse pantois quant à la puissance du message. Ce raisonnement serait précipité pour une première réalisation, mais venant de Soderbergh qui sort de sa retraite et après une trentaine de films, il semble légitime de pouvoir s'interroger sur le degré d’innovation. Il y a différents niveaux de déjà-vu, celui-ci est tolérable et profite du talent indéniable du réalisateur. Mais sans vouloir piétiner les qualités évidentes de Logan Lucky, je propose la note toujours subjective de 6/10 pour le manque d'inattendu !


Découvrez la critique complète sur Cineman.ch

guardianalfred
6
Écrit par

Créée

le 1 nov. 2017

Critique lue 222 fois

Critique lue 222 fois

D'autres avis sur Logan Lucky

Logan Lucky
Docteur_Jivago
8

Country Road

Alors qu'il avait annoncé vouloir arrêter la réalisation après Ma vie avec Liberace, Steven Soderbergh revient avec Logan Lucky, retrouvant le film de braquage, là où il a déjà brillé par le passé...

le 3 nov. 2017

44 j'aime

Logan Lucky
Moizi
7

Le retour du roi

Je crois que je ne comprends pas Soderbergh, le mec dit depuis des années qu'il veut arrêter le cinéma, il finit avec un Liberace qui était vraiment sympa et ses derniers films, notamment effets...

le 27 oct. 2017

33 j'aime

Logan Lucky
Behind_the_Mask
7

Casse de branques

Logan Lucky, je vous avouerai que je n'en avais pas entendu parlé... Oui, il faut que je sorte de ma grotte. Quand même. C'est un pote qui me l'a fait découvrir. Et surtout donné envie de le voir...

le 1 nov. 2017

27 j'aime

2

Du même critique

Petit Paysan
guardianalfred
7

Aux sombres héros de la terre

A 32 ans, Hubert Charuel signe un premier long métrage, repéré à Cannes, dont l'intrigue se déroule dans une exploitation laitière. Tourné dans la ferme de son enfance en Champagne-Ardenne, il pose...

le 24 août 2017

21 j'aime

2

Place publique
guardianalfred
6

Formule grippée mais générosité intacte.

Si Jean-Pierre Bacri se révélait formidable de cynisme dans Le sens de la fête, l’acteur revient dans Place Publique avec une humeur toute aussi noirâtre et jubilatoire. Misanthrope farci à la...

le 17 avr. 2018

17 j'aime

Budapest
guardianalfred
3

Les folles nuits hongroises ...

Après un passage chez les américains avec le récent Cold Skin (2017), Xavier Gens, réalisateur du très sulfureux Frontière(s) (2007), passe de l’horreur à la comédie et nous raconte une histoire...

le 28 juin 2018

14 j'aime