‘Lost In Translation’ démarre en introduisant les faiblesses de la communication par le langage entre américains et japonais. Dans ce contexte, et victime de leur mal-être à Tokyo, un acteur quinquagénaire et une jeune mariée, tous deux sentant leur couple respectif battre de l’aile, font connaissance. Et alors qu’il n’y a pas de barrière linguistique entre eux, leur relation reposent sur des non-dits équivoques. Le titre de l’œuvre est donc plus subtil qu’il n’y paraît.


En fait, Sofia Coppola fait preuve d’une justesse redoutable dans sa réalisation. Les dialogues sont rares, mais la relation entre Bob et Charlotte peut se passer de mots. Le réconfort qu’ils trouvent l’un dans l’autre saute aux yeux, la complicité qui se forme entre les deux passe par des jeux de regards subtils, et leurs sentiments transcendent leurs paroles au cours de leurs dernières entrevues.


Il en va de même pour le sentiment de solitude et de dépaysement de ses personnages. La réalisatrice offre des images magnifiques et plus explicites que n’importe quel monologue. En outre, elle peut compter sur une Scarlett Johansson très correcte et un Bill Murray phénoménale dans un rôle taillé sur mesure.


Le cinéma de Sofia Coppola tient également beaucoup à ses excellentes bandes-originales. Dépourvue de ses musiques cotonneuses et dépaysantes, ‘Lost In Translation’ aurait probablement été une déception, tant les morceaux choisis par la réalisatrice s’accordent au récit. Air (lévident "Alone in Kyoto"), Phoenix et Sébastien Tellier se succèdent à notre plus grand plaisir, mais c’est avant tout le shoegaze parfaitement idoine de My Bloody Valentine qui retiendra notre attention. En fait, à travers sa bande-originale, la réalisatrice va plus loin dans sa réflexion sur la communication, puisqu’elle livre une apologie du cinéma et de l’art, seuls vecteurs à même de retranscrire les sentiments.


Subtil, intelligent et doux.

Créée

le 16 nov. 2014

Critique lue 563 fois

4 j'aime

Kroakkroqgar

Écrit par

Critique lue 563 fois

4

D'autres avis sur Lost in Translation

Lost in Translation
Velvetman
10

La nuit, je mens.

For relaxing times, make it Suntory time. Ville à la fois moderne et historique, lieu d’un pèlerinage sentimental impromptu. Lui essaye de s'éloigner d'un couple en perdition et, elle, suit son...

le 16 févr. 2014

160 j'aime

11

Lost in Translation
Sergent_Pepper
9

La dérive des confidents

La ville. Ce sont ces façades lumineuses qui préfigurent Blade Runner, vitres à perte de vue derrière lesquelles se trouvent encore des êtres humains, contemplateurs d’une étendue verticale qui...

le 6 sept. 2015

155 j'aime

31

Lost in Translation
Prodigy
9

Critique de Lost in Translation par Prodigy

Sur une trame somme toute très simpliste, l'errance de deux personnages dans un Japon culturellement opaque, Sofia Coppola construit une relation émouvante, ouverte et tactile, éffleurements discrets...

le 21 déc. 2010

132 j'aime

6

Du même critique

Brazil
Kroakkroqgar
5

Critique de Brazil par Kroakkroqgar

Si Brazil est le chef d'œuvre du réalisateur Terry Gilliam, il ne convaincra pas tout le monde en tant que chef d'œuvre tout court. Tout d'abord, le spectateur est jeté dans une société réglée par...

le 16 avr. 2013

40 j'aime

9

La La Land
Kroakkroqgar
4

Critique de La La Land par Kroakkroqgar

Difficile de dissocier 'La La Land' de sa couverture médiatique : plébiscité par les médias et triomphe absolu aux Golden Globes, la comédie musicale surfe sur la vague qu'elle a cherché à provoquer...

le 25 janv. 2017

37 j'aime

3

Vidéodrome
Kroakkroqgar
5

Critique de Vidéodrome par Kroakkroqgar

‘Videodrome’ traite du rapport des hommes à la télévision, comme ‘ExistenZ’ le fera pour les jeux-vidéos. Seulement, le scénario est tellement obscur que le propos en devient confus. Entre un...

le 2 août 2013

32 j'aime