Pour commencer : non, ce Luca n'est pas un film LGBT, sauf à voir une connotation sentimentale dans toute relation entre personnes de même sexe.
Ça, c'est dit. Passons au film.
Comme toujours chez Pixar, c'est du bon. La présence de la lampe de chevet au début d'un film est un gage de qualité. À défaut d'un chef d'œuvre, on aura de bonnes choses. Voilà comment caractériser ce Luca : une bonne chose.
Le problème, c'est que « Bon » chez Pixar, peut signifier « décevant ». Le niveau est si élevé qu'un produit jugé favorablement ailleurs le sera plus sévèrement ici. Et si Luca est un bon film, on aurait pu s'attendre à mieux.
Le point de départ est assez curieux : il y a en effet des scénarii où l'on se demande pourquoi ils ont vu le jour. Non qu'ils soient inintéressants, mais ils paraissent comme trop petits pour l'univers dont ils s'entourent. Un peu comme si l'univers de Tolkien s'était réduit au Hobbit.
De surcroît, nous aimons que les enjeux de l'histoire soient à la hauteur de l'univers disposé devant nous. Difficile de haleter devant un scénario (cousu de quelques fils blancs) qui repose sur une compétition culino-sportive entre enfants plus ou moins jeunes. Rien de mal là-dedans, mais on se demande pourquoi avoir voulu raconter cette histoire en particulier.
Mais basta ! Ne boudons pas notre plaisir. Outre des personnages savoureux, jusque dans les plus petits rôles (le caméo de Sacha Baron Cohen), le plus réussi dans ce film est l'immersion. Le spectateur sent les gouttes d'eau sur ses écailles, puis l'air marin sur sa peau, le parfum des spaghettis dégoulinantes d'huile d'olive et de sauce tomate, la vitesse des vélos et j'en passe. Encore un bel exploit pour un studio spécialisé dans un style d'animation décrit comme froid et impersonnel par beaucoup.
L'animation justement, est assez curieuse, dotée d'une touche légèrement rétro, comme si les personnages avaient été construits en pate à modeler avant d'être filmés, ce qui confère à Luca une identité visuelle unique (renforcée par les quelques scènes oniriques, d'une poésie aussi simple que grandiose). Par ailleurs, on pourra noter un petit côté Ghibli sur pas mal de points, que ce soient l'histoire mêlant situations surnaturelles et événements ordinaires, le générique de fin qui continue le film, des enjeux enfantins (les protagonistes étant eux-mêmes des enfants) ou encore une moral transmise sans moraline.
Sans se mesurer aux standards de ce studio, ni mêmes à ceux du sien, Luca reste un excellent produit, doté d'une personnalité propre et dont les références (volontaires ou non) plus que bienvenues.