Ahhh ! Lucky Luke, l'une de mes BD préférées lorsque j'étais plus jeune. J'adorais le flegme de celui qui tire plus vite que son ombre, l'impertinence des quatre zigotos faisant office de méchants, l'idiotie de Rantanplan et les analyses délicieuses du fidèle Jolly Jumper. Les aventures du lonesome cow-boy me faisaient traverser l'Ouest avec humour et attachement pour les personnages, dans un premier temps, et pour le maître Goscinny dont l'apparition au poste de scénariste a fait monter d'un cran la qualité des albums, c'est indéniable. Et c'est de cette association géniale entre Gruel et Goscinny que va naître en 1978 La Ballade des Dalton, création originale pour l'occasion (adaptée en BD par la suite). Cette toute nouvelle aventure de Lucky Luke débarque deux ans après Les Douze Travaux d'Astérix, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec le succès de ce dernier, Goscinny avait tout intérêt à s'inspirer de ce dessin-animé mémorable pour rééditer l'exploit de créer un film trans-générationnel. Pari réussi ?


Dès le début, on sent les influences des Douze Travaux sur la manière de construire le récit. En effet, la narration avance par étape, non plus travaux après travaux mais presque. Les Dalton, qui ont reçu une grosse somme d'argent héritée de leur oncle, doivent accomplir la dernière faveur testamentaire de celui-ci afin de pouvoir toucher le pactole de leurs petites mains de voyous du dimanche : ils ont pour mission de tuer les neuf juges ayant participé aux multiples incarcérations de ce fameux Henry Dalton. Comme quoi, l'escapade de prison semble être une discipline familiale. Le seul hic, c'est qu'il leur faut un témoin pour attester devant la justice des neuf meurtres ; et c'est évidemment notre cher Lucky Luke, le plus honnête des hommes, qui est chargé de servir de témoin aux Dalton qui décidément ne seront jamais tranquilles ! Ainsi, sur les couplets inoubliables d'Eric Kristy faisant la transition entre chaque étape de l'histoire, notre escouade de choc se lance à la recherche des neuf juges qu'ils rencontreront un par un, dans un lieu différent, à la manière d'Astérix et Obélix dans leur quête des douze travaux.


Sauf que là où les deux gaulois devaient user de force et d'intelligence pour résoudre les énigmes de Caius Pupus, Lucky Luke doit faire parler son ingéniosité avant tout, afin que les Dalton croient réussir à tuer chacun des neuf innocents tout en s'assurant de les sauver derrière leur dos. Les bonnes idées s'enchaînent dans cette course à la supercherie, où la relation entre le cow-boy et les quatre voyous n'a jamais été aussi passionnante. Car adversaires, ils le sont depuis toujours ; mais à l'instar de Titi et Grominet ou de Lee Van Cleef et Tomas Milian dans le très bon Colorado, ils sont avant tout meilleurs ennemis et semblent s'apprécier derrière leur impossible entente. Cette "entente cordiale" les oblige à se tolérer, à se supporter, voire à passer de véritables moments de partage autour d'un feu, en dormant à la belle étoile. Une belle brochette de trublions plus qu'attachants.


Evidemment, l'issue n'a rien d'étonnant et dès le départ on sait très bien que Lucky Luke va réussir à sauver tout le monde, et qu'à la fin nos chers Dalton retourneront pour la énième fois derrière les barreaux. Mais qu'importe, car c'est l'aventure qui compte : le sentiment de liberté, le galop bruyant des chevaux et la pétarade des revolvers, l'entre-aide – fût-elle artificielle et remplie de tromperies – qui unit ces personnages au charisme incroyable, et cette chanson éponyme magnifique qui trotte dans la tête comme le seul véritable testament de l'histoire, en fin de compte : non pas un gros paquet d'or, mais un sacré tas de nostalgie.

Grimault_
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le 17 sept. 2017

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Jules

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