Lucy
4.7
Lucy

Film de Luc Besson (2014)

Lucy gâche le potentiel d’un axe pourtant prometteur. Le thème de l’individu qui voit ses capacités intellectuelles décuplées offre d’innombrables possibilités, ici mal exploitées. Un désastre narratif uniquement rattrapé par ses effets visuels et une action bien rythmée.

Depuis quand Luc Besson n’a-t-il pu nous proposer une œuvre de la trempe de Léon ou du Cinquième élément ? On ne croirait pas que le même réalisateur puisse être si fluctuant dans son exigence de qualité. Lucy, qui promet pourtant être un des succès commerciaux de l’été – voire de l’année - en France, est un film brouillon, sans évolution logique, au montage parfois incompréhensible (mais quel est donc ce délire à la National Geographic intercalant des scènes de reportages animaliers à celles de l'action principale ?), dont on ressort avec un sentiment de gâchis.

lucy chinese characters caractères chinois
Mais... mais... où est le traducteur ? via @chroniquescanap
La thématique se fait pourtant alléchante au premier regard : basé sur la théorie (fausse) selon laquelle l’être humain n’utiliserait que 10% de ses capacités cérébrales, Lucy s’attache à une jeune femme qui voit ses performances cérébrales augmenter de manière exponentielle, lui conférant des pouvoirs surnaturels. Mais ces aptitudes extraordinaires ne sont pas amenées de manière progressive, et augmentent trop rapidement pour que le spectateur puisse se délecter au premier abord de « simples » détails : télépathie, contrôle de l’esprit, mémoire eidétique… L’ensemble évolue quasiment d’une traite, s’emmêlant les pinceaux entre réflexes accrus et prouesses physiques – comme si utiliser 20% de votre matière grise faisait de vous un champion des arts martiaux sans jamais les avoir étudiés.

Scarlett Johansson est capable, de son côté, du pire comme du meilleur, et enchaîne des rôles atroces à la Don John avec des petites perles du niveau d’Under the skin. Lucy fait clairement partie du bas de l’échelle, car si l’actrice n’y est pas insupportable, elle y frôle parfois le vulgaire (notamment au début) et surtout, aurait pu être remplacée par n’importe qui d’autre. Contrairement à Milla Jovovitch ou Natalie Portman, elle faillit à se rendre indispensable à son rôle et délivre une performance tout à fait oubliable.

La palme des personnages les plus inutiles de l’univers revient ex-aequo à Morgan Freeman et Amr Waked, respectivement nommés caution scientifique bullshit du film et flic inutile face à une héroïne invincible.

Alors, si le voir est clairement dispensable, pourquoi tout n’est pas à jeter dans Lucy ? On peut lui accorder une esthétique plutôt agréable et surtout son sens du spectacle qui permettra à la majorité de ne pas s’ennuyer. En bref, Lucy est un film à voir le neurone éteint, après une dure semaine de travail, pour se détendre et ne pas trop utiliser son cerveau.
Filmosaure
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le 21 août 2014

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