Blonde + cerveau, vous voyez le résultat...

Bon, voilà un film qu’on peut très bien juger sur sa bande annonce. Toutes les tares y étaient déjà présentes, mais maintenant, c’est officiel, on peut critiquer. Pas de gloire à critiquer monsieur Luc Besson (on tire sur l’ambulance), mais quand on a envie d’un navet de première, le savoir toujours en service fait plaisir. Ici, Luc Besson touche au matériau de la drogue qui donne des pouvoirs magiques, mais veut à tout prix donner une explication scientifique intéressante. Et pour cela, il se base sur la théorie du cerveau. En effet, le film ne cesse de nous comparer au genre animal, histoire de bien souligner que le 15% qu’on utilise nous a permis d’accomplir de grandes choses, et que le dauphin à 20% a un système de sonar naturel surpassant nos technologies. Partant de là, que serait-on capable de faire ? Et bien Luc répond à sa façon : on devient des X men. Rendez vous compte qu’une fois le paquet de drogue éclaté, notre héroïne à 20% monte sur les murs, défie la gravité, contrôle les champs magnétiques (donc elle a le wi fi, accède à internet, pirate les périphériques via la pensée) et a des aptitudes télépathiques. What the fuck. On n’avait pas vu de personnage principal aussi cheaté depuis l’Alice de Paul W. S. Anderson ! Une petite contrepartie toutefois : elle pense mourir dans les prochaines 24 heures à la vitesse à laquelle son corps fonctionne. Lucy (son nom est évidemment mis en comparaison avec la première humaine exposée dans les musées) se met donc à la poursuite de ses agresseurs, à rechercher les paquets de drogue restants et à échanger avec Morgan Freeman, scientifique accessoire inutile qui nous sert ses hypothèses scientifiques à grand renforts de stock shots d’animaux (les assertions sont particulièrement pesantes dans le début du film, où le concept fait très valeur ajoutée).

Partant de là, on sait qu’aucune cohérence ne sera possible (elle lit les conversations de téléphone portable, elle voit des champs d’énergie autour des végétaux, elle parle chinois d’un coup, sans jamais avoir appris la langue…), donc on se contente de regarder, et question rythme, le film se révèle efficace, avançant sans arrêt à tambour battant. On mentionnera quand même la scène où Lucy, dans un bloc opératoire, abat sans sommation le patient en train d’être opéré, jette son corps à terre et force le personnel à l’opérer, en prétextant que « il était condamné de toute façon, le cancer avait pénétré dans les vertèbres ». Je passe sur la série de rebondissements débiles qui fait le développement pour sauter directement à la fin. Car le scénario part tellement en couille qu’on se doit de le mentionner. A 80%, Lucy vomit des éclairs par la bouche, se transforme en blob et crée de la matière. A 90%, elle se met à voyager dans le temps, mais c’est foireux. Alors qu’elle annonçait il y a quelques minutes que seul le temps permettait l’existence de la vie, la voilà qui se met à voyager physiquement dedans (les gens la voient) sans dommages, et tout en restant assise sur sa chaise dans la pièce initiale. Et elle remonte jusqu’au crétacé, venant dire bonjour à un vélociraptor… Putain, Tree of life avait vraiment marché, Besson s’est dit qu’une expérimentation à la mord-moi-le-nœud pompant Malick, c’était l’idée de génie, la cerise sur le gâteau. Pendant les 10 dernières minutes, Luc Besson se prend vraiment pour Terrence Malick, et tente une expérimentation qui part complètement en couille ! A 99%, Lucy se met à voyager dans l’espace, voit la galaxie défiler, et des tas d’astéroïdes foncent vers elle, tout cela ayant la forme d’un ovule entouré de spermatozoïdes ! Besson fait de la merde jolie, et se prend pour un génie ! Enfin arrive le 100%, et là c’est… « Je suis partout ! » Waow, Dieu est une blonde avec un cerveau ! Alléluia ! Tu l’as fait, Luc ! Et les scientifiques héritent quant à eux d’une clef usb formée de matière noire, alors que l’ordinateur hyper sophistiqué de Lucy se désagrège (pouvait pas faire évoluer l’informatique également ?). Bref, Lucy, c’est l’extrapolation complètement absurde d’une théorie assaisonnée à la sauce Besson, qui plus est avec une blonde qui utilise à fond son cerveau (constat d'un mauvais goût certain). Entrainez vous, parce que les X men recrutent, et que tous ces petits mutants sont des minables 30%. Quant à Terrence Malick, j’espère qu’il a de l’humour quand il verra comment on plagie ses œuvres…
Voracinéphile
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le 10 août 2014

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Voracinéphile

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