Lulu femme nue par Hugo Harnois
À sa première scène, on peut sentir tout de suite si un film est intelligent ou non. Pour Lulu femme nue par exemple, on voit une femme se refaire une beauté aux toilettes. Seulement, elle s’est trompée en allant chez les hommes. Le symbole est là : Lulu est une femme qui n’a pas encore trouvé sa place dans une société qui ne fait pas attention à elle. Elle va le comprendre inconsciemment en partant quelques jours sans avertir ses proches.
On sent en ce moment dans le cinéma français un mouvement féministe bienvenu. Frais car non moralisateurs, ces élans cinématographiques prouvent que la femme a encore beaucoup de choses à dire dans une société souffrant encore d’inégalités sociales devant le sexe. Elle s’en va montrait déjà Catherine Deneuve prenant la fuite pour pouvoir mieux se reconstruire. Au contraire, La Vie domestique emprisonnait Emmanuelle Devos dans un quartier résidentiel ressemblant à une prison.
Lulu femme nue cherche avant tout l’humanisme, à travers le caractère simple et bienveillant de cette femme ne cherchant qu’une chose, le changement. Mais aussi à travers les rencontres qu’elle fait durant ce périple improvisé. Ces rendez-vous du destin peuvent être comique (Demolon et Rebbot se révèlent être un duo tordant), émouvant (Gensac, parfaite de sensibilité en vieillarde solitaire) ou révélateur (Lanners, prouvant que la finesse fait partie de sa palette d’acteur). Voilà ce que le cinéma français sait faire de mieux : proposer un récit simple tout en évitant les caricatures.
Cette œuvre vise également le vrai, et Karin Viard entraîne admirablement bien ce film vers le terrain difficile du réalisme. Abandonnant son charisme de femme assumée et provocante, elle retrouve sa formidable innocence et une naïveté qu’on pouvait trouver dans ses anciennes performances telles que Le rôle de sa vie. Peu à peu, on sent cette Lulu retrouver une confiance en elle dont elle avait tant besoin. « L’enfer, c’est les autres » affirmait Sartre. Ici au contraire, autrui sert à reconstruire une personne cassée.