Je suis un très grand fan de la vieille série animée, mais je n'ai pas suivi les OAV successives (à part bien sûr Cagliostro). La bande-annonce suggérait la quasi-intégralité du scénario, mais la bande-son de Yuji Ohno était là, ainsi que tout ce qui fait le charme de la série. Au soir d'une journée particulièrement pourrie, j'ai décidé sur un coup de tête d'aller dans une salle vide voir ce film, en VO (mais la VF avait l'air de fort bonne facture, même si nul ne saurait prendre la place de Philippe Ogouz et surtout l'inénarrable Jacques Ferrière dans le rôle de l'inspecteur Lacogne).
Lupin vole un journal d'archéologue que son ancêtre n'aurait pas réussi à voler, se cogne dans une jeune archéologue chevronnée qui veut aussi le voler, mais pour le compte d'une obscure organisation qui l'utilise comme un outil. Le journal donne accès à un mystérieux artefact surpuissant et oui-en-effet-c'est-L'arche-perdue bon ok et alors ?
Les scènes d'action démarrent en fanfare au début, avec le côté slapstick qu'on aime et les retournements de situation improbables. Le rythme se ralentit un peu sur la fin pour se focaliser sur les trois protagonistes extérieurs à la joyeuse bande : l'archéologue Laetitia, son mentor diabolique et un néonazi sans scrupule mais classieux. Et le déroulement de leur intrigue est au fonds assez malin, en dehors des passages obligés (je laisse Lupin dégager le chemin vers l'artefact et je le récupère pour l'utiliser pour mes sombres desseins, etc...). Il y a quelques moments de dramaturgie typiquement manga et assez bien amenés, je trouve. La scène où Lupin explique quel était le mot de passe est très juste, et colle très bien au personnage de Lupin. On est dans du bon divertissement pour les enfants, moral et carré.
Evidemment, ce Lupin ne cherche pas à aller dans les zones plus adultes qu'explorait à l'occasion le manga d'origine ou Une femme nommée Fujiko. Et au fonds, mon seul regret est qu'en dehors de Lupin, les protagonistes habituels sont un peu sous-employés. Ne vous en faites pas, Fujiko a droit à sa scène de manipulation/action, Jigen à ses prouesses au tir, Goemon a ses scènes de tranchages improbables. Mais c'est un peu en passant, ils ne comptent pas vraiment dans l'histoire, et c'est dommage (surtout pour Fujiko, qui ici est assez distante de Lupin). Le chara design de Jigen est un pur délice, celui de Fujiko est un peu trop lisse : ça manque de mouvement dans les cheveux, disons - Mais Fujiko a toujours été reléguée quand c'est un épisode à destination des enfants.
Mais le pire c'est sans doute Zenigata, qui ici est inefficace, mais dont on voit assez peu la louable force d'âme. Et surtout, il se transforme en groom dès qu'une jeune fille lui fait un petit sourire. C'est drôle mais un peu forcé. Mais bon, il a son thème musical, c'est l'essentiel.
La musique est primordiale, et heureusement on a gardé cette touche jazz-cool des années 70, encore merci à Yujo Ohno, qui aura décidément apporté bien de la joie dans ma vie. Il n'y a pas beaucoup de thèmes, l'OST reposant surtout sur des variations, mais on est sur du robuste, de l'éprouvé. La nostalgie marche à plein.
Vous noterez que je n'ai pas parlé de la 3D. Elle sert parfaitement le récit et ne pose aucun problème. C'est beau.
Lupin III : The First est un bon épisode de la série, j'espère qu'il aura son succès en France. Il n'est pas révolutionnaire mais il fait le travail, et il est BEAU. Dommage que la bande-annonce ait quasiment tout défloré de l'intrigue, mais bon. La citation de Monkey Punch, décédé en 2017, qui apparaît à la fin, est émouvante. Ce film a été fait avec amour.
Vu au CGR d'Agen, un soir de déprime.