Troisième opus des six contes moraux d'Éric Rohmer, Ma nuit chez Maud s'attaque à la question du désir et de la fidélité en ourdant la situation d'un ingénieur chrétien dont les certitudes se voient bringuebalées par la rencontre de Maud, femme athée aux mœurs légères. Rohmer reste ici dans son registre par excellence : filmer les relations humaines dans leur nouement et les questions qui en sont inhérentes. Et si cette œuvre est toujours considérée cinquante ans plus tard comme un classique du cinéma français, je dois avouer qu'elle m'a déplue. Pis encore, elle m'a ennuyée.
Je ne suis pas conquis par les choix artistiques d'Éric Rohmer ; l'utilisation du noir et blanc couplée à une scénographie froide et banale dégage une étrange sensation de lenteur qui devient vite fastidieuse. On ne peut pas dire que le film jouisse d'une esthétique particulièrement intéressante ni même qu'il en recherche une. Car Rohmer fait un usage très réduit de sa caméra qui mène à une redondance de plans rapprochés dont l'immobilité devient vite soporifique.
Choix qui reste cependant compréhensible puisqu'il vise à mettre l'accent sur l'objet principal du film : les dialogues. Mais même ici, Rohmer se perd dans un verbiage saturé d'afféteries assommantes malgré les réflexions intellectuelles qui truffent les propos des protagonistes. Car ce film comporte une grande tare ; il manque cruellement de poésie, et ce malgré la joliesse de Maud qui est malheureusement ternie par la candeur de Trintignant. Naïveté qui devient progressivement agaçante jusqu'à son acmé lors de la dernière scène et ce ridicule "Allons nous baigner" lancé à sa femme comme pour le purifier de ses incartades. On peut difficilement faire plus niais.
Au final, malgré un sujet digne d'intérêt, la réalisation du film se noie dans un scénario tristement linéaire au sein duquel Rohmer se repaît à faire dialoguer longuement - trop longuement- ses personnage. Et le spectateur de regretter un cruel manque de vie tout du long.