Les films de Rohmer, on en entend souvent plus parler qu'on les regarde.
Ca a été largement mon cas, avec à mon actif Un conte d'été et un premier visionnage de Ma nuit chez Maud, que j'avais brutalement relégués dans la catégorie masturbation intellectuelle. Mais justement, Ma nuit chez Maud, c'est probablement la clé du cinéma de Rohmer : exprimer par des dialogues, volontairement scandés et dignes de débats de France Culture à 6h du matin, la contradiction entre les principes moraux et leur traduction.
Ces dialogues léchés, ampoulés, voire pédants, s'avèrent un tribunal cruel pour les intentions de leurs auteurs. On voit ainsi une Françoise Fabian magnifiée par le noir et blanc, et un Jean-Louis Trintignant impeccable se heurter de plein fouet à ses contradictions et à son identité de catholique fervent. A travers une intrigue implacable, son image d'homme rigoureux et sincère laisse la place à un sentiment profond d'hypocrisie et de regret. En fin de compte, une récompense pour le spectateur attentif.