Je vais d’abord évoquer les réserves que j’aie sur le film. Avant tout et ce n’est pas la première fois que j’en parle à propos d’un film de Soderbergh, je suis gêné par cette image, un peu trop jaune sitôt qu’on est dehors, essentiellement. C’est pas le jaune de Darius Khondji ni celui de Bruno Delbonnel, mais c’est un jaune quand même, moins pisseux qu’écarlate, il n’empêche qu’il me gêne, autant qu’il m’avait gêné dans les extérieurs de Magic Mike ou The Knick. Et comme c’est Soderbergh lui-même qui se colle à la photo de ses films/série et bien je lui en veux, deux fois plus. L’autre réserve est plus subjective : Soderbergh touchant à tout, il lui fallait bien un jour emprunter les voies du biopic. Le biopic n’est généralement pas ma tasse thé car c’est un genre trop imposant, je pense, qui s’appuie beaucoup sur un personnage et une solide interprétation mais qui du coup, oublie de mettre en scène, de dévier, de respirer. Ma vie avec Liberace n’y échappe pas : Douglas & Damon sont étincelants, cette histoire d’amour entre Scott Thorson et Liberace passionnante, et tout cela prend beaucoup de place, toute la place. Le film me semble vraiment trop figé et programmatique pour m’embarquer, émotionnellement parlant. Petits griefs qui font beaucoup, ce qui ne m’empêche pas d’avoir trouvé le film très réussi dans ce qu’il souhaite raconter : L’histoire d’une passion dévorante qui va mourir, se consumer dans un étrange pouvoir de possession/domination tant la volonté de Liberace est surtout d’être aimé par Scott afin de pouvoir le modeler à son image (L’univers cosmétique et surabondant est un donnée quasi centrale, tant par cet indigeste attirail luxueux que par l’apparition d’un génial Rob Lowe, chirurgien lifté jusqu’au ridicule qui offre des instants de pur burlesque) avant de l’abandonner, comme il avait probablement fait de même avec le précédent (Celui que Scott remplace littéralement en début de métrage) et qu’il fera aussi avec le suivant. C’est un mélodrame déguisé en rom’com de chambre. Chacun y perdra d’ailleurs sa mère, durant leurs cinq années de concubinage secret. Secret puisque Liberace refusait de montrer son homosexualité au grand public, jusqu’à publier des bouquins sur de fausses aventures avec des femmes. Le film raconte ces cinq années de leur rencontre à leur rupture. Avec un épilogue quasi Sirkien, un peu forcé à mon goût, mais peut-être est-ce justement parce que ce qui précède me touche peu. Beau film quand même, surtout pour Damon & Douglas qu’on n’a rarement (jamais ?) vu aussi concernés.

JanosValuska
6
Écrit par

Créée

le 3 août 2017

Critique lue 283 fois

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 283 fois

D'autres avis sur Ma vie avec Liberace

Ma vie avec Liberace
PatrickBraganti
8

So terrific

La gloire du pianiste Liberace, qui fut, parait-il, énorme aux États-Unis, n’a jamais atteint l’Europe. Pour la majorité des spectateurs, il s’agira d’abord d’une découverte, celle d’un artiste adulé...

le 24 sept. 2013

20 j'aime

1

Ma vie avec Liberace
Filmosaure
7

Critique de Ma vie avec Liberace par Filmosaure

Michael Douglas brille de mille feux dans cette adaptation pêchue du livre biographique de Scott Thorson. Un film un peu simple mais porté par la performance mémorable de ses deux acteurs...

le 21 mai 2013

16 j'aime

2

Ma vie avec Liberace
Lucie_L
7

"Too much of a good thing is wonderful"

C’est une histoire écrite mille fois, et qui finit inévitablement mal, celle d’un gigolo comme un autre qui s’attache à la star gay hollywoodienne qui l’entretient. Mais Soderbergh, lui-même fan de...

le 20 juin 2014

13 j'aime

3

Du même critique

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

32 j'aime

5

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

28 j'aime

8