Ce n’est pas une biographie sur Liberace mais un récit de son histoire avec Scott son amant pendant quelques années..
On a toutes les étapes: les prémices, l’apogées, la lente dégringolade, puis la digestion de la rupture.
Soderbergh nous raconte tout ça très simplement, sans jouer avec les flash backs, et on l’en remercie.
Du coup le film est très basique dans sa construction, et ça tranche avec la profusion de paillettes et de kitch qu’on nous inflige par ailleurs. Par contre ça donne l’impression de suivre l’histoire comme on lirait un journal: pour s’informer, et puis quelques paragraphes nous émeuvent, mais dans l’ensemble le récit est assez froid.

Liberace est LA star narcissique, insupportable et magnétique, la lumière vers laquelle le petit papillon Scott va se retrouver aimanté.
Mickael Douglas est formidablement crédible dans son rôle de pianiste exubérant, et tellement folle qu’on imagine mal comment son homosexualité peut être un secret.
Il est impitoyable autant dans ses élans de générosité que dans son dédain.
Il est faible aussi et la peur de perdre l’amour du public -et de lui-même- est telle qu’il n’hésite pas à cacher la misère: en mettant un peu de paillettes, un peu de faux cheveux, du maquillage, de la chirurgie, un petit jeunot dans son lit. Bref il veut continuer d’exister à tout prix.

Son amour pour Scott est possessif et nocif, il va jusqu’à en faire un prolongement de lui-même, comme une porte de sortie, la preuve qu’après lui il existera encore quelque part.
Cet aspect est le pilier du film, et donne lieu à quelques rebondissements qui mettent mal à l’aise, mais sans plus (on imagine qu’avec une Almdovar aux commandes on aurait volontier rendu son 4 heures sur ce genre de scènes gênantes).

Liberace est faible et ça le rend méchant, dangereux, mais curieusement on ne lui en veut pas (c’est pour ça que j’ai trouvé le film froid).

Scott est trop jeune, trop naif, trop idiot, trop gentil, et surtout trop heureux de voir qu’il arrive à se faire aimer du grand Liberace.
Il se fond totalement dans le moule que lui créé son maître, devient sa créature, et ses rares tentatives de rébellions sont vites matées par le patron.
Finalement le seul domaine où il garde ses principes semble être le lit, où il trouve idiot d’être passif, alors que c’est précisémment ce qu’il est pendant tout le film.
Leur relation est équilibrée mais vouée à l’échec, et leur rupture inévitable reste violente.
Après des années de soumission dans une cage dorée, Scott rame pour faire valoir ses droits, et à vrai dire le hic ce n’est pas qu’il s’attaque à plus fort que lui, c’est surtout que des droits il n’en a pas. C’est toute une batterie de questions sur les droits des couples qui se trouve alors mise en lumière.

Dans un pays qui vient d’adopter dans la douleur le mariage pour tous, un tel film tombe à point nommé (sauf que vu l’audience du film je pense que ça tombe surtout à l’eau). Et je comprends mieux ce que disaient les critiques de la sélection de ce film à Cannes en même temps que “la vie d’Adèle”

Sur le coup je n’ai pas trouvé “Ma vie avec Liberace” palpitant, mais j’ai pu apprécier les excellents acteurs, les décors et costumes au top, et une musique appréciable.
Et avec le recul je pense que ce film a plus à dire qu’on ne le croirait.

Par contre j’ai quand même un doute: en vrai ils sont gays Damon et Douglas non? en tout cas ils devraient y penser sérieusement parce que ça leur va super bien.
iori
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le 26 sept. 2013

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