A en croire les dires du réalisateur, Ma vie avec Liberace serait son ultime réalisation cinématographique. Je ne me risquerais pas à verser une larme car bon nombres des œuvres de ce dernier m'ont laissée indifférente. Cependant, quelques perles savaient briller aux instants où on ne les attendaient plus. En voici une qui en fait suprêmement partie.
Si le dernier Soderbergh ne brille pas par son absence de sujet concret et un manque d'aboutissement sur le plan humain, il aborde d'autres points par un chemin différent. Sous les monceaux de dorures et les kitcheries de monsieur Liberace se terre un monde rude et dépravé. Ce que semble nous déclamer l'oeuvrier est que si l'on y est pas né, si notre condition n'est pas d'en faire partie, on ne peut pas y survire et on se fait éjecter. C'est l'emprise du luxe, de l’excès, de la célébrité et du paraître qui ira jusqu'à pourrir un sentiment tel que l'amour. Et ce aussi fort soit-il. Tour à tour ami, amant, père/fils, les relation du virtuose pianiste et de son protégé sont d'une complexité très intrigante qui sera pourtant évacuée par les tords et penchants de chacun au sein de cet univers mal famé.
Cependant les limbes du monde sentimental des deux protagonistes resterons trop académiques ou même bien trop survolées au profit d'un désir de tout montrer. Vouloir trop en faire c'est aussi bâcler. La recherche technique (presque trop mécanique ici) du réalisateur bloque l'émotion. La volonté d'épouser le thème du sujet n'est pas un tord, encore faudrait-il que ce ne soit pas raté. Dommage. Mais cette chronique aux allures de fadeur bling-bling illustre tout de même avec brio. Michael Douglas est d'une brillance que je ne lui connaissais plus. Quel gâchis malheureusement que de regarder Matt Damon refaire, durant la première moitié du film, sa moue qui comble le gouffre d'un faciès insipide. Le bonhomme se décoincera vers la fin, mais il reste étrange qu'avec autant d'ingrédients, l'ami ne l'ai pas fait avant.
Je ne connaissais qu'un Soderbergh qui filmait comme une machine, si ce dernier n'a pas lâché tous ses vieux tics, la richesse et la diversité pointent bien plus souvent le bout de leur nez.
Bien joué.
Rat
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le 2 oct. 2013

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