Je dois avoir un dérèglement du système lacrymal en ce moment : me voilà encore en larmes à la sortie de ce film. En même temps, comment résister à l'émotion qui vous saisit dès les premières images et qui réside déjà dans ces petits personnages colorés en pâte à modeler : des êtres aux très grands yeux poignants, à la toute petite bouche de laquelle sort une voix enfantine charmante. Avouez que ça ne peut pas laisser indifférent.


Ensuite, il y a l'histoire. Je ne connaissais rien de l'autobiographie initiale de Gilles Paris et j'ai donc eu le plaisir d'arriver vierge dans ce récit, celui d'un petit garçon catapulté dans un foyer d'accueil, suite au décès de sa mère. Avec pour seul bagage un minuscule sac et un cerf volant en papier à l'effigie d'un père super-héros fantasmé, Icare - alias Courgette - va devoir se fondre dans le petit groupe d'enfants déjà présents. Au départ brimé par le leader, Courgette va peu à peu se lier avec chacun d'entre eux, découvrir leurs histoires... Et se recréer une véritable famille. Sans jamais verser dans le pathos ou le sentimentalisme, le récit passe subtilement sur ces tragédies d'enfance, sans commisération ni sensiblerie.



Nous sommes là parce que nous n'avons plus personne pour nous aimer.



Et pourtant il n'est question que d'amour dans ce film d'animation bouleversant, scénarisé par Céline Sciamma, enrobé des riffs rock de Sophie Hunger. L'humour n'est bien sûr pas en reste, servi par des dialogues extras : ces petites voix flûtées qui s'interrogent sur les relations hommes/femmes et sur le sexe sont irrésistibles de candeur et de drôlerie.


J'ai pensé à un clin d’œil - volontaire ou non- à la scène de l'affiche d'Eternal sunshine of the spotless mind, quand les deux petits amoureux s'allongent dans la neige côte à côte, pendant leur séjour au ski.


Et quand la merveilleuse reprise de Noir Désir par Sophie Hunger clôt cette oeuvre ravissante, elle achève de vider mes réserves de pleurs - forcément.


Ma vie de courgette est un conte d'une richesse et d'une finesse folles sur l'amitié, la résilience, l'amour, la tolérance et finalement sur la chance, sur ce coin de ciel bleu qui se présente toujours à ceux qui savent lever les yeux au ciel.


Superbe.

BrunePlatine
8
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le 19 nov. 2016

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