Mad Max 2 Soundtrack, pour lire en musique


Voix-off gutturale, des images d'archives défilent. La folie de la guerre s'est emparée du monde et plus rien ne subsiste. Seulement la route poussiéreuse qui s'étire vers l'infini de l'horizon aride, sur laquelle des meutes d'humains violent, pillent, violent, terrorisent, s'entre-déchirants pour une goutte du « liquide », le précieux pétrole qui permet de dominer l'asphalte. L'homme ordinaire n'est pas taillé pour cet univers sauvage et seul ceux qui ont rejetés jusqu'à la dernière once de leur humanité survivent. Max à rejoint ce monde, sa Ford Falcon XB filant librement à travers les embûches. Mais cette liberté éphémère repose sur l'essence, rare, qu'il doit extraire de carcasses fumantes, se contentant d'assez pour rouler jusqu'au lendemain. C'est après une embuscade maladroite qu'il déjoue aisément qu'il découvre un fort de fortune, au pied d'une colline qui bouche l'horizon, où l'on raffine le pétrole. Mais ce camp est assiégé par une bande de sauvages des badlands, chiens du désert ne reculant devant rien, violant et tuant les malheureux qui osent sortir.
On ne peut que noter la cruauté de la scène de viol à laquelle Max assiste, imperturbable. Elle nous est montrée presque avec pudeur et la violence est laissée au hors-champs, ce qui produit sur le spectateur une forte impression.


Le thème musical – composé par le talentueux Brian May- souligne l'agressivité et la sauvagerie de cet univers qui s'enfonce dans un dernier baroud d'honneur dans la bestialité, qui se bâtit sur les cendres d'une civilisation sombré dans l'oubli et que seul rappel quelques éléments ténus ; un camp de survivants où l'électricité fonctionne, un aviateur dérangé qui évoque avec concupiscence le temps béni de la lingerie, une lueur de compassion dans les yeux délavés d'un Max torturé.


Au centre du film de George Miller, la part-belle est faite à une sauvagerie débridée. Jalonnant son récit de personnages aussi brutaux que ridicules, il fait ressentir tout le désespoir de ces derniers survivants d'une civilisation révolue, retranché dans un camp de fortune constamment assiégé par la barbarie qui sans cesse gagne en force et effrite ce dernier rempart d'humanité. Max se retrouve bien malgré lui à défendre ce groupe hétéroclite, composé de femmes, de vieillards et d'idéalistes, propulsé au centre d'un conflit où il n'a plus rien à gagner. A ce titre, Mel Gibson est confondant de réalisme en gaillard tourmenté et désabusé, qui fuit son passé douloureux sans parvenir à abandonner toute bonté. Bonté qui transparaît dans sa relation avec l'enfant, curieuse incarnation d'une sauvagerie innocente et attachante, au mutisme si parlant.


Formidable dystopie qui dépeint le caractère bestiale de la race humaine confronté à l'adversité, le monde de Mad Max est d'une violence rare, à l'image des monstres de métal hurlant qui se déchaînent sur la route, qui s'écrase avec fracas et explosent dans un ultime éclat. L’œuvre de Miller, datant de 1981, pose les fondements d'un imaginaire post-apocalyptique violent qui subsiste aujourd'hui dans de nombreux médias, vidéo-ludique notamment (on pensera à Fallout ou plus récemment Borderland) mais aussi cinématographiques (Six-String samurai et son hommage appuyé).


Mais il subsiste quelques maladresses, à l'image d'une musique presque trop envahissante ne laissant pas place au silence et écrasant parfois dialogues et personnages, d'un affrontement final formidable mais à la résolution quelque peu maladroite, à l'image de la stupidité d'un antagoniste dont on espérait plus d'intelligence et de perversion, de compagnons de Max dont l'inutilité saute aux yeux tant ils n'apportent rien au combat.


Dès l'introduction, je savais que ce Mad Max m'accrocherait. Il est tout ce que j'attendais du premier opus. L'image y est d'une qualité bien supérieur, l'univers prend corps, la violence est exacerbée et rendue jouissive par des scènes d'actions survoltées, les antagonistes sont violents, colériques, grimés grotesquement et constituent une bande anarchique à la cruauté primaire. Tout y est fou, décuplé (comme le budget du film), d'une violence jouissive à l'image d'une scène d'action finale riche en tôles froissés, en morts violentes, en explosions bien senties et en cascades plus vraie que nature.


Le seul regret que j'ai, c'est d'avoir vu le premier. La scène d'exposition résume une heure trente de film en deux minutes... moche, et c'est dans le Mad Max 2 qui constitue la véritable genèse de Max et sa rédemption.


Oh, et le chien, bien sur, le chien...

Petitbarbu
7
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le 28 mai 2015

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Petitbarbu

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