Mad Max aura beau m'avoir laissé de marbre, difficile d'occulter son incroyable succès sur la sol australien, de quoi avoir ouvert les portes de Hollywood à un George Miller triomphal pour son premier long-métrage ; chemin faisant, l'idée d'apporter une suite à son récent succès germa pour le meilleur, un second opus voyant le jour en 1981 en arborant un budget XXL (dix fois supérieur en comparaison).


Si le film originel n'emportait clairement pas mon adhésion, la faute à un look fauché desservant sur toute la ligne une intrigue plutôt bancale, ce Mad Max 2 sera venu changer la donne avec un réel brio : certes, les moyens en hausse peuvent expliquer un pan formel davantage fiable, mais réduire une telle réussite à cette seule explication ne rendrait pas hommage au superbe coup d'éclat de Miller.


Car si le film témoigne d'une identité visuelle enfin marquante (dans le bon sens du terme), Mad Max 2 surprend surtout au travers de son univers captivant : avec un désert enfin mis à contribution, et ce pour le meilleur, le monde de Max Rockatansky n'aura plus que jamais mérité son titre de décor post-apo' (vis-à-vis du précédent épisode tout du moins), son atmosphère immersive s'imprégnant alors de la dégénérescence d'une humanité en perdition.


Cette dernière, assujettie à la quête de l'or noir, souligne ainsi avec une vraisemblance toute retrouvée les thématiques propres à Mad Max (2), alors appuyées par un court résumé introductif faisant également le lien avec le premier volet ; à ceci s'ajoute une trame somme toute simpliste mais diablement efficace, le film développant avec minutie le caractère iconique de son Road Warrior tout en le mêlant à un axe de pur divertissement, d'où un cocktail fort prenant de bout en bout.


Sublimant la nature charismatique comme laconique de son rôle phare, Mel Gibson perce enfin l'écran en conférant à son alter ego une crédibilité n'ayant d'égale que l’ambiguïté dudit personnage, et l'on se satisfait grandement de son approfondissement croissant : la confrontation avec Pappagallo est en ce sens foutrement intéressante, ce dernier dressant avec justesse le portrait d'une âme errant sans but, si ce n'est proche d'une certaine forme de complaisance (ou d'acceptation tout du moins) quant à la tournure tragique de sa propre existence.


Une figure antihéroïque recherchée en bref, de quoi mettre en lumière la profondeur d'un récit de SF post-apocalyptique plus malin qu'il n'y paraît au premier abord ; le grand spectacle est quant à lui assuré avec la manière, un suspense grimpant allant de paire avec d'impressionnantes cascades automobiles, telles l'apothéose d'une mise en scène inspirée sans grosses fausses notes.


On pourrait trouver à redire en ce qui concerne la loufoquerie de certains protagonistes, mais rien de véritablement risible, bien au contraire : dans un tel contexte d'anarchie, on se prend même à s'attacher au devenir du pilote d'autogire, l'enfant sauvage et cetera, tandis que le look de punk (résolument ?) sadomasochiste des pillards fait tout simplement écho à la douce folie ambiance d'un univers, rappelons-le, sacrément immersif.


À l'instar d'un Max érigé en icône de la pop' culture, ses adversaire d'un temps font ici mouche, tout en illustrant la présence d'un casting des plus performants... de quoi nous administrer avec davantage d'efficacité une ultime course-poursuite tirant un peu sur la corde, mais en tous points mémorable, celle-ci concluant comme il se doit un long-métrage décidément remarquable (une excellente surprise me concernant).


Affaire à suivre avec un (avant-)dernier arrêt : le Dôme du tonnerre.

NiERONiMO
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le 20 avr. 2016

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NiERONiMO

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