De l'action Subtile


On n'a pas besoin de tout approfondir, de tout marquer au fer rouge pour que le spectateur attentif relève les très nombreux éléments qui donnent du corps à un univers.
On n'a pas besoin de faire un film bavard pour communiquer des émotions entre les personnages. Des attitudes, des regards, des intentions, parlent davantage que les mots.
On n'a pas besoin de filmer des scènes de viol, ou de remplir le désert de faux sang pour peindre la violence dans un film.


Mad Max : Fury Road est un film d'action subtil. D'action, parce qu'il en met plein la tronche pendant deux heures, sans tomber avec flemme dans l'avalanche d'effets numériques. On peut encore faire des films impressionnants en réfléchissant à la position de la camera, à la fluidité des plans, à l'éclairage, à la disposition des personnages etc.
Ici, tout coule de source. Malgré l'avalanche de pyrotechnies, de vitesse, de poussière, d'attaques multiples mêlant des dizaines de personnages en même temps, tout reste lisible. Tout est conçu pour ne pas perdre le spectateur. Pas de camera qui tremble, pas de raccord numérique, pas d'utilisation des noirs cache misère... Une leçon.


Pour autant, Mad Max n'oublie pas la subtilité. Tout y est. La description en filigrane d'un univers post apocalyptique bien fichu, la violence quotidienne, les dictatures des survivants, les gamins au sang pourri sans but et sans vie, exploités comme on exploite n'importe quelle ressource dans un monde qui n'en a plus.
Une exploitation qui s'étant aux femmes, comme ça a souvent été le cas (et comme ça l'est encore parfois), tantôt comme nourricière (pour adulte), tantôt comme machine à procréer, tantôt comme accessoire à faire passer les crampes de monarques auto proclamés en mal de sensations...
Une description en filigrane, existante sans être au premier plan. Miller n'oublie pas son sujet.


Le Roi est mort. Vive le Roi !


Nombreux sont et seront les plaintes que subit Tom Hardy dans le rôle de Max. Comme Craig pour James Bond (saleté de blond). Ou Ledger pour le joker, s'il n'était pas mort. Il y aura toujours des gens pour basher le successeur d'un grand interprète. Les conservateurs du 7e Art, comme je me plais à les appeler...
L'intelligence de Miller est double.
D'abord, en changeant son focus vers le personnage de Charlize Theron, il permet à son personnage d'effectuer sa transition en toute discrétion.
Ensuite, quoiqu'il arrive, l'interprétation de Hardy n'allait pas être identique à celle de Gibson. Miller dépeint un Max torturé, solidaire, sans grand affect', sans rien d'intéressant à dire, et qui se prend d'affection pour une forte tête. Sans que ça vire au pathos.
L'attention du spectateur se porte ainsi naturellement sur les autres personnages très réussis du film, en permettant à Hardy de livrer une prestation correcte, sans évoluer dans l'ombre de son illustre.


Surprenant. Bien joué.


De l'action avant tout


Il y a de nombreuses choses à dire sur ce film, mais je ne vais m'appesantir.
Pour moi, il est une totale réussite, tant technique que scénaristique, une maitrise comme je n'en ai pas vu depuis de nombreuses années.


Néanmoins, si je n'aime pas les grands huits parce que la sensation ne me plait pas, que ça me file mal au crâne et la nausée, j'évite de me faire le vampire de Six Flags.


Mad Max : Fury Road, c'est avant tout un film d'action. Si on n'est pas sensible à ce genre, parce que ça pète trop, parce que ça bouge trop, parce que ça discute pas assez, parce que ça se pose pas, parce que ça manque de twist... alors, on va tout simplement pas voir Mad Max.


Les amateurs y découvriront une oeuvre puissante, nerveuse, mêlée d'une profondeur non négligeable distillée, sans surexposition.


D'où la note globale de 8 posée par mes éclaireurs, qui sont pourtant divisés sur à peu près tout.


Pour ma part, ce sera 9, parce qu'il y a un guitariste avec un instru lance-flammes.

SoiM
9
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le 21 juin 2015

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SoiM

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