Mais pourquoi ça oyu d'un portrait psychologique?

Voilà une histoire bien réjouissante comme on les aime, sur une enième variation du triangle amoureux: Shinnosuke aime Mlle Ozu, mais les conventions, que voulez-vous, sont qu'on n'épouse pas une veuve (pas tout de suite en tout cas), et puis il était promis à la sœur, Shizu, de toute façon, alors qu'il l'épouse donc... Sans cesser de penser à Mademoiselle Oyu, puisqu'il la voit tout le temps (mais en tout honneur, naturellement. Mademoiselle Oyu, en passant, on se demande un temps si ce n'est pas une fieffée salope qui manipule sa sœur pour aguichuer son beau-f').

Et les voilà tous qui souffrent. Chacun dans son coin? Oh non. Le plus atroce dans l'histoire, ce n'est pas tant qu'ils souffrent, c'est qu'ils soufrent en sachant, à la longue, que chacun est au courant des sentiments des autres. Mais ils refusent malgré tout de mettre un terme à la situation délétère, ils refusent de transiger avec leur connerie (j'appelle connerie le fait d'invoquer des préceptes de soit-disant noblesse d'âme pour s'empêcher d'être heureux : quand on se pourrit la vie au nom de concepts, je dis que c'est de la connerie).

Bon d'accord, c'est pas aussi simple que ça. Et c'est très très beau visuellement. J'ai juste un problème : pourquoi un traitement aussi direct ? Je retrouve le déroulé que j'ai désaimé dans _Notorious_, chaque scène s'enchaîne, dans une trame linéaire, hop-hop-hop, pas de temps mort, pas de digression paresseuse... Or cette efficacité narrative, mécanique, lourde, casse le film. J'aurais incontestablement pu tenir 15mn de plus...