Woody Allen après être passé par un film assez sombre revient avec une comédie romantique beaucoup plus légère, teintée de fantastique. Le dernier film du plus anglais des réalisateurs américains est très attachant.
D’une part grâce à son duo d’acteurs très séduisants. Colin Firth vieillissant mais toujours en pleine forme, et d’une grande classe, incarne un personnage très drôle offrant d’excellentes ruptures de ton, et apporte un cynisme et une ironie parfaits. Il se retrouve face à une ravissante et malicieuse Emma Stone qui semble s’amuser grandement devant la caméra de Allen. Toujours avec un regard provocateur et un visage faussement fragile et innocent, la jeune actrice assure le spectacle et fera craquer toute l’assemblée masculine sans grandes difficultés. Une véritable communion et fusion s’opère entre les deux protagonistes au cours du long métrage, une attraction sympathique et revigorante à observer.
D’autre par le long métrage de Allen offre une dimension fantastique intéressante. De nombreuses questions philosophiques sont soulevées et traitées avec plus ou moins de réalisme et de succès. Allen veut nous parler de la vie après la mort, de la magie, de la religion, de présence d’une autre dimension qui dépasse les connaissances et l’entêtement humain. Les sujets sont effectivement intéressants et le long métrage pousse le spectateur à la réflexion, à la concentration et à l’humble écoute de son ainé. Ainsi au court du long métrage Allen prône l’existence d’une vie après la mort, de la présence de l’âme des défunts dans notre monde et qu’il faut ouvrir son esprit et voir plus loin que la raison humaine le permet. Le spectateur se demande si il lui faut croire en la parole de Allen ou si celui-ci n’utilise que des propos à valeurs ironiques, seule la conclusion le dira. Quoi qu’il en soit les sujets philosophiques sont intéressants mais le traitement est moins intellectuel qu’à l’accoutumé. Alors qu’habituellement Allen s’enferme parfois dans des dialogues longs et intellectuels pour expliquer un sujet parfois simple, ici au contraire il utilise des raisonnements simples pour des sujets compliqués. Il nous vient même parfois l’impression que Allen s’adresse à des gamins de douze ans dans ses raisonnements et ses dires. Dans tous les cas, même si le traitement ne plait pas forcement, le fond lui est intéressant. Il met en place une véritable opposition entre deux manières de penser, de fonctionner, de raisonner et de philosopher. Ainsi il oppose durant son long métrage la rationalité de la raison et l’imagination du cerveau humain. Sans trancher, ou presque, il oppose ces deux fondements de la raison humaine, deux fondements en opposition permanente qui offrent deux visions du monde radicalement opposées. Il laisse à son spectateur le soin de choisir son camp : être du côté des rationnels et penser que tout est explicable, que le monde est fait d’équations et que tout ce que nous voyons n’est que pure réalité limitée. Ou, si au contraire, être du côté du fantastique, de penser que la dimension humaine n’est pas totalement explicable et surtout qu’elle n’est pas unique.
La réalisation reste formellement représentative de ce que fait habituellement Allen. Une photographie agréable, non dénuée de charme, mais jamais transcendante. Une écriture scénaristique toujours très recherchée même si le dénouement reste peu original. Des dialogues absolument géniaux, drôles, intéressants et passionnants. Beaucoup d’ironie et de cynisme, parfois même beaucoup de taquinerie, apportés essentiellement par le personnage de Colin Firth. Les ruptures de tons sont extrêmement drôles. Les idées bien que non révolutionnaires sont suffisamment prenantes pour que le spectateur ne décroche pas.

La qualité est donc présente sur la dernière œuvre de Woody Allen, mais surtout la légèreté. On ressort de ce long métrage avec le sourire et l’esprit rêveur plein d’espérances et de nouvelles envies, plein de désires et d’affection. « Magic in the moonlight » reste peut être une œuvre mineure de Allen, mais sans aucun conteste un agréable moment cinématographique à ne pas sous estimer.
La_7eme_Critique
8

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le 23 nov. 2014

Critique lue 252 fois

Aubin Bouillé

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