Quel plaisir de retrouver ici un Jean Gabin au sommet de sa forme dans ce Maigret version cinéma signé Jean Delannoy, incarnation du cinéma à la papa. En opposition avec ce que l'on appellera peu de temps après la nouvelle vague symbolisée par les oeuvres de Jean Luc Godard, Louis Malle et autres François Truffaut. Oui, ce Maigret tend un piège est bien l'archétype d'une certaine idée du cinéma policier français des années 40 et 50. C'est classique, sans esbrouffe, carré mais cela manque cruellement de créativité et de folie. En revanche, comme évoqué en préambule, niveau acteurs, y'a du lourd!
Un Jean Gabin, donc, qui endosse à merveille le costume du fameux inspecteur Maigret, ringardisé depuis par ses ersatz télévisés incarnés par Jean Richard et Bruno Cremer. Pour moi avec un certain Bernard Blier, il est l'acteur idéal pour "réciter" du Michel Audiard, auteur de dialogues plutôt bien sentis, comme "Inspecteur, on ne devrait pas monter, on n'a pas de mandat. C'est pas grave Lagrume c'est pas comme si on allait chez moi". On retrouve également une Annie Girardot toute jeunette et déjà prometteuse, un Jean Desailly tout à fait investi dans un rôle de tueur névrosé, une Lucienne Bogaert parfaite en mère castratrice à l'ancienne ou encore un Lino Ventura en début de carrière et déjà animal dans une scène d'interrogatoire pas piquée des hannetons.
En bref, un bon cru Maigret tout à fait recommandable à déguster avec un bon cognac et un cigare