Mandibules, le nouveau film de Quentin Dupieux est dans la droite lignée de ces derniers films comme Le Daim, Au Poste ou même Rubber : la volonté de ce cinéma n’est pas de devenir grand, mais bel et bien de rester petit, dans un quasi-anecdotisme qui serait ici à conjuguer en une valeur positive. Rester dans une adolescence bête et immature, à l’image des parfaits Jean-Gab et Manu, tout en accordant toujours un malin plaisir dans la drôlerie et la bêtise. Quentin Dupieux serait alors un petit maitre pour canaliser tout cela. Peut-être parce qu’il réussit constamment à jouer entre cette frontière d’un réel et d’un décalage complet venu certainement d’ailleurs. Les localisations géographiques de ces films révèlent d’ailleurs ce jeu constant : si l’on devine des traits qui nous sont semblables, ces lieux toujours plus proches de la nature que de la ville, semblent sortir d’une autre planète bien plus alimentée par l’absurde que par la raison. C’est un monde de la bêtise, dont l’on reconnait les horizons mais que l’on suit le sourire aux lèvres en étant toujours étonné et réjouis des hasards qui viennent sans relâche cogner à la porte. Cette mouche géante rentre alors parfaitement dans le cadre, car elle est au même niveau de la grande farce qui anime Mandibules d’invitations en invitations. C’est la loi du « No Reason » du flic sorti du coffre de Rubber qui dicte tout !
Si l’on peut parfois regretter que Dupieux ne réussisse jamais à atteindre l’excellence et le marquage de ce qui est son meilleur film Réalité, il y’a toujours un malin plaisir et un étonnement de tout instant qui vient enrichir ces films. Comme je l’ai dit plus haut, Mandibules n’a pas la prétention d’être grand. Bien au contraire, il joue de ce manque de moyens, de son minuscule récit et de son décalage complet et fauché qui pourrait en énerver plus d’un, pour toujours continuer de s’affirmer dans le paysage cinématographique français. L’art à la Dupieux est une langue étrangère, autant dans son esthétisme que dans sa volonté. C’est un cinéma toujours plus fou et éloigné, pour le plus grand plaisir d’un spectateur assoiffé d’égarement loufoque !