On arrête plus Quentin Dupieux, toujours plus prolifique, surtout en matière de cinéma, avec un film par an depuis quelques années.
Jamais à court d'idées, surtout quand il s'agit de raconter une histoire qui n'a aucun sens, le réalisateur français n'a pas loupé le coche du déconfinement pour nous lâcher sa dernière production, initialement prévue pour 2020.
Manu et Jean-Gab', sont deux marginaux. Le premier est manifestement à la rue alors que le second tient la station-service familiale. Les deux vivent au jour le jour, sans grandes perspectives d'avenir. Une situation qui, cependant, ne semble pas les désappointer outre mesure.
Après avoir dérobé une voiture pour réaliser un job manifestement pas très légal, Manu, qui a embarqué son compère dans la combine, réalise stupéfait que le véhicule n'était pas vide. Dans le coffre se trouvait en effet enfermée une mouche d'une taille improbable, tellement improbable que les deux amis y voient une opportunité à ne pas laisser passer pour changer de vie.
Cela ne surprendra personne qui connait un tant soit peu Quentin Dupieux, Mandibules est comme la majorité de ses prédécesseurs, un film totalement absurde. Là où Le Daim restait finalement assez connecté avec le monde réel, Mandibules propose un pitch qui annonce la couleur sans équivoque.
Et si les pérégrinations de nos deux imbéciles heureux sont relativement distrayantes à suivre durant la première moitié du film, il faut néanmoins reconnaitre qu'on a dans un premier temps l'impression qu'on va encore avoir affaire à un film qui ne parvient jamais vraiment à convertir ses bonnes idées. Un constat récurrent sur les dernières productions de Dupieux qui avaient la fâcheuse tendance à s'enliser après un début prometteur.
A vrai dire, Mandibules produit l'effet inverse, avec une première partie qui laisse relativement circonspect mais une seconde moitié où les événements prennent une tournure inattendue et où le film devient d'un coup, nettement plus drôle. Le duo Ludig/Marsais s'avère clairement plus convaincant lorsqu'il est soudain confronté à des personnages tout aussi invraisemblables. Difficile d'ailleurs, de ne pas citer Adèle Exarchopoulos dont la prestation hilarante nous dévoile une facette de l'actrice qu'on ne soupçonnait pas.
Avec Mandibules, l'inimitable touche de Dupieux est bien là, fidèle à son style atypique, avec une production à la fois très soignée mais aux faux airs de série Z. Et même si le réalisateur se défend de faire des comédies, il est difficile de ne pas aller voir ses films en s'attendant à passer un moment de franche rigolade. S'il est vrai que certaines de ses productions, comme Le Daim ou Au Poste! pouvaient avoir différents niveaux de lecture, Mandibules revient au grand-guignol de Wrong Cops et Steak, et parvient finalement à le faire avec un certain brio grâce à une seconde moitié de film complétement burlesque.
Finalement, Mandibules devrait assez plaire aux aficionados tout en étant une bonne clé d'entrée au cinéma de Dupieux pour les novices.