Remake d’un film de William Lustig sorti dans les années 80, et dont je ne soupçonnais pas l’existence, j’attendais Maniac avec envie. Son côté brut, violent et sans équivoque promettait un véritable bain de sang jouissif, permettant à mon esprit malsain de donner corps à ses pulsions. D’autant plus qu’un détail m’intéressait tout particulièrement : la majeure partie du film est réalisée à la première personne.

Ceux qui me connaissent savent très bien à quel point dans le jeu-vidéo, je voue un culte au genre du FPS. Principalement parce qu’on voit à travers les yeux du personnage. Cela permet une immersion totale, proposant de nouvelles perspectives. Au cinéma c’est la même chose, et bien utilisé cet angle de vue propose des sensations nouvelles. Ainsi se situe ici le principal défaut du film, la première personne n’étant qu’un gadget mal utilisé à l’écran. Malgré une première longue séquence de chasse, se clôturant magistralement par l’apparition du titre à l’écran et permettant donc à l’auditoire de se sentir tout puissant, presque envieux de pouvoir tuer cette jeune femme à l’écran, le film s’embourbe tout le reste du temps.

La faute à un rythme lent et longiligne, donnant sans cesse l’impression que l’on est assis sur un chariot de travelling. Chaque séquence durant environ 5 minutes chacune, mais parfois 5 minutes durant lesquelles il ne se passe rien, ou le héros traverses les rues au volant de son véhicule, façon Drive. Pourtant lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre son talent pour scalper les demoiselles, on peut dire que le héros y mets du sien, c’est même jouissif quand le crâne se dévoile façon ouvre-boîte, mais ce n’est pas suffisant pour réveiller un spectateur déjà endormi par un scénario lui-aussi paresseux.

Au lieu de développer une psychologie un tant soit peu intéressante, Alexandre Aja et Grégory Levasseur ont préférés les théories de comptoirs digne du journal de TF1. Le tueur n’est qu’au final une sorte de déglingué du cerveau faisant une fixette sur une figure familiale et castratrice. C’est complètement casse-gueule, idiot et finit d’enterrer le peu d’intérêt du bordel mais c’est pas grave, après tout on était pas là pour réfléchir. Et ce n’est pas l’amourette tragique développée le long de la bobine, qui pouvait pourtant donner lieu à de jolies séquences, qui relèvera le niveau tant celle-ci manque, elle aussi, de force et de profondeur, n’offrant aucune tension ou sentiment de malaise quant à l’impossibilité pour le héros de vivre son amour.

Bref Maniac est lui aussi à ajouter à la longue liste des promesses non tenues. Terni par un côté POV mal branlé et manquant de sensations, un scénario aussi creux que l’intérieur des mannequins du tueur et surtout un rythme et un montage d’un ennui abyssal, on se surprendra plus à regarder son téléphone que l’écran durant la séance. Malgré sa courte durée d’une heure-vingt on sera sans cesse en train de se plaindre, suppliant qu’une scène vienne mettre fin au calvaire. Pourtant les idées étaient là et le tout aurait pu être absolument fabuleux, une véritable ode à la violence, les effets spéciaux étant généralement très réussis par ailleurs. Malheureusement on ne ressentira jamais vraiment ce sentiment de sadisme, le film préférant développer une soit-disant réflexion partant dans des délires franchement grotesques. Préférez-lui son aîné des 80′s, bien plus jouissif.
Florian_Bodin
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le 4 janv. 2013

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