Il n'y a pas que de mauvaises idées dans le nouveau Maniac. Il faut, comme toujours, laisser de côté la sempiternelle question du pourquoi d'un remake au lieu d'un sujet original, et tenter de voir ce film comme un ensemble cohérent.

La volonté de placer les mannequins au centre de l'intrigue donne au film une cohérence que celui de William Lustig n'avait pas. Alors que la rencontre avec la photographe avait peu de sens (d'où cette formidable et absurde conversation sur la beauté et la photographie), elle prend ici une dimension centrale. Que la rénovation de mannequins soit une affaire de famille pour Frank (et le lie plus encore à sa mère) n'est pas non plus idiot. Comme on ne peut pas tout comparer, dans un récit dont la trame suit fidèlement celle du film original (avec des plus et des moins : la séquence de l'infirmière dans les toilettes du métro étant beaucoup plus flippante que celle de la danseuse dans le parking, par exemple), retenons ici une mise en scène très soignée (très belles promenades urbaines) et une BO copiée-collée de Drive plutôt efficace. Certes, on a quitté l'atmosphère poisseuse d'un New-York cradingue, pour un Los Angeles beaucoup plus propre, mais le film réussit à restituer en partie l'ambiance glauque qui faisait "le charme" du premier opus.

Les deux autres idées "originales" de Maniac sont plus discutables. Allant plus loin que le film de 1980, qui ne nous montrait que le point de vue de Frank, celui-ci prend le parti d'une caméra subjective quasi constante. Si le procédé est intéressant au début, on s'en lasse très vite, le pauvre Elijah Wood étant le plus souvent hors champ qu'en action. Mais le pire tient dans le "développement" du passé traumatisant de Frank. À vouloir trop expliquer, on perd en mystère ce qu'on gagne en lourdeur. La matérialisation des fantasmes de Frank, les images de sa mère, toute la déclinaison du concept d'abandon, tournent bien vite à la caricature. C'est ennuyeux et grotesque.

Pour finir, on notera une bonne prestation de Nora Arnezeder, beaucoup plus présente à l'écran qu'Elijah Wood (lui-même pas très bon) et un final plutôt réussi (malgré un dernier plan superflu). Ce qui fait de Maniac un remake pas trop honteux.
pierreAfeu
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le 6 janv. 2013

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pierreAfeu

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