Considéré par les initiés comme un chef d'oeuvre du genre, le Maniac de William Lustig, réalisé en 1980, devait évidemment suivre la mode du remake. Orchestré cette fois-ci par Franck Khalfoun, sous la houlette d'Alexandre Aja à la production et à l'écriture, ce Maniac nouveau cru propose un style formel des plus original : la vue subjective.
Frank (Elijah Wood) est le timide propriétaire d'une boutique de mannequin... et serial killer amateur de scalps à ses heures perdues. Le jour où Anna (Nora Arnezeder), une jeune artiste, vient lui demander de l'aide pour une exposition, Franck commence à développer une véritable obsession pour cette dernière...
Difficile de donner un avis tranché sur ce long métrage peu commun. Dérangeant, sanglant et glauque, Maniac ravira le spectateur avide de sensations fortes mais rebutera le plus grand nombre. Choix osé mais réussi, la mise en scène n'aidera pas à élargir le public. Se refusant à servir un de ces remakes, fades, indigestes et inutiles, le cinéaste se démarque du film original en tentant quelque chose d'insensée : nous placer dans la tête du tueur pendant près d'une heure et demi.
Le résultat est tout simplement bluffant. Coincé à l'intérieur de ce psychopathe à la dualité exacerbé, le spectateur se sentira dans un premier temps mal à l'aise et impuissant face aux agissements du scalpeur fou pour finalement finir avec un haut le coeur devant tant d'hémoglobines et de mouvements de caméra incessants. Khalfoun s'amuse même avec son procédé, sortant pendant une poignée de secondes du point de vue de Frank afin de surligner la schizophrénie rongeant le personnage.
Sorte de Gollum délaissant la terre du milieu pour la cité des anges, qui d'autre qu' Elijah Wood pour donner corps à notre tueur en série. Qu'on se le dise le rôle de Frodon n'était qu'une parenthèse enchantée. Doté Physique singulier, l'acteur n'est pas dans le contre emploi, Robert Rodriguez l'avait bien compris en le faisant apparaître en cannibale dans Sin City.
Hélas, Maniac pêche beaucoup trop dans son scénario et sa psychologie des personnages pour pouvoir tutoyer les chefs d'oeuvres du genre. Les incohérences et les situations caricaturales se succèdent à vitesse grand V, rendant l'histoire un peu absurde : comment ne pas se méfier d'un type renfermé qui vit avec des mannequins ?!!! Est-ce qu'avoir une Marie couche-toi là de mère explique aisément le hobby de collectionner les scalps de jeunes femmes ? A cause de cela, le film suit dangereusement la ligne jaune, frôlant de peu le ridicule.
A voir avant tout pour son parti pris de mise en scène, Maniac nous étouffe et nous embarrasse, malgré les faiblesses de son histoire. Recommandé à un public très averti, ce remake vous dressera les cheveux sur la tête.