Comment raconter les coulisses d'un krach boursier sans tomber ni dans le documentaire rébarbatif, ni dans la ridicule fiction ?
Eh bien, en travaillant surtout sur les personnages et sur les dialogues...

Evidemment, tout est très marqué ici, jusqu'aux 3èmes rôles (l'incroyable défilé mécanique des ressources humaines venues licencier à tour de bras) ; le code est théâtral et ça marche.
La scène d'ouverture en est l'exemple parfait, on parle d'une tragédie de licenciement pour arriver à la peine de leur supérieur hiérarchique... pour son chien mourrant !!
On est là pour nous dépeindre des comportements, plus que pour nous faire comprendre le comment et le pourquoi d'une crise, et c'est tant mieux car ce sont bien ces comportements qui mènent finalement au pire dans une économie.
Et personne n'est épargné ici... Puisqu'on se place du côté des acteurs boursiers, tout le monde semble fautif et consentant dans un système qui joue avec des chiffres en oubliant les vies derrière ; les patrons bien sûr, préoccupé uniquement par leur confort matériel (même les chiffres leur sont souvent inconnus) et soigneux de faire porter la responsabilité à un quidam porté aux nues quelques années avant ; les petits employés avides de rejoindre le salaire mirobolant de leurs "maîtres", leur faisant passer au second plan toute considération humaine.
Même ces pauvres humains en sursis de faillite qui se cachent derrière tous ces chiffres et qui sont absents de cette histoire, même eux ne sont pas épargnés avec cette réplique de J. Irons (qui rivalise de talent avec K. Spacey) nous assurant que tant que la populace achètera à crédit au-dessus de ses moyens, le fonctionnement de la finance ne changera pas, et il ne changera effectivement pas !

Enfin les dialogues font souvent mouche et rattrape un scénario évidemment simplifié, parce que bon, on veut rester dans la fiction et pas dans un conseil d'administration, sinon, ce n'est pas au ciné qu'on va quoi !

Alors oui,si on veut ne pas aimer, on peut taxer le film de populiste, démago, simpliste, blabla, caricatural mais ce serait passer à côté d'un bon moment pas si bête que ça ...
G-C-H-
8
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le 26 mai 2012

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G-C-H-

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