♪♫ Money... It's a crime... ♫♪
Je viens de revoir avec plaisir ce film qui n'en finit pas d'être toujours d'actualité, bien qu'il soit une illustration de la crise de 2008 .Un jeune analyste financier (ancien "rocket scientist" !) découvre que sa compagnie est minée de l'intérieur par des produits financiers qui vont causer le crash du siècle. Une cellule de crise est convoquée dans la nuit pour faire face au désastre...
Voilà une oeuvre impeccablement réalisée je trouve, superbement rythmée, avec des acteurs tous convaincants et un script qui joue sur le fil, en frôlant l'actualité sans jamais la nommer. Le film aurait pu être une énième pièce de théâtre filmée, en raison de son unité de lieu (un gratte-ciel corporate à NY), mais le script est ingénieux et nous fait prendre l'air juste quand il faut. (on va fumer sur le toit, on sort en voiture, un passage chez un véto... etc..) et on évite ainsi l'étouffement d'un huis clos. L'intensité des dialogues et confrontations fait le reste.
J'aime beaucoup comment le film tourne la difficulté de présenter les causes de la crise : on n'explique qu'en apparence, on empile des termes abscons (tester des "valeurs limites"), on regarde des écrans avec un regard vide, on interroge un expert et tous les acteurs du drame sont obligés à un moment ou à un autre d'avouer qu'ils n'y comprennent pas grand chose eux-mêmes. Et c'est la belle simplicité du message : si personne ne comprend rien à ce qui se passe, il est clair que le système , aussi inique qu'il soit, se perpétue parce que l'alternative, '"everything gets pretty fair in a hurry", fait peur à tout le monde et aussi , comme le dit souverainement Kevin Spacey, le personnage le plus complexe ici, " ... because I need the money...". Le doigt est mis sur ce qui fait mal : le monde vit à crédit parce que des petits rigolos tripotent des chiffres absurdes. Arrêter de tripatouiller serait... suicidaire.
Le système hiérarchique de la compagnie est mis en avant de manière magistrale . Et la cruauté des rapports est explicite (un pauvre type pleure pendant que celui qui le vire, jeune loup au brushing impeccable, se rase à côté de lui sans même sourciller). La figure paternelle et quasi-religieuse du grand CEO est bien menée par Jeremy Irons, une espèce de fauve qui pose la question à son petit génie d'analyste (très bon Zachary Quinto), "Croyez-vous vraiment que ce soit mon intelligence qui m'a fait devenir patron?".
Voilà, excellent film, donc, qui présente un monde de la finance complètement irrationnel, dangereux et cruel, dominé par des gens un poil psychopathes qui prennent leur repas avec appétit au sommet des tours pendant que le monde s'écroule. Et en même temps qui a une pensée pour les rouages intermédiaires de ce système, qui perdent leur humanité parce que... parce que l'argent... Cynique et efficace. A voir!
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