Dans une interview à la Radio télévision suisse, le réalisateur Tom Volf expliquait qu’il fallait aller voir son film en salle pour être complètement immergé dans la musique et ressentir pleinement l’émotion que procurait une prestation de la Callas. Conseil avisé, car même si ce montage chronologique de documents peu connus ou inédits peut paraître un peu long lorsqu’il aligne les mêmes sorties de limousine et les mêmes descentes d’avion au milieu d’une horde de rapaces médiatiques, chacune des apparitions scéniques de la mythique diva est une expérience sensorielle bouleversante. Refusant toute intervention extérieure, à l’exception des lettres de Maria lues par Fanny Ardant, le réalisateur laisse parler les images et la musique, mais surtout la Callas elle-même, à travers de nombreuses interviews où elle révèle une personnalité complexe: chanteuse géniale et extravagante totalement possédée par son art, et femme simple voire timide qui ne rêverait que de vivre une vie de famille normale, celle qu’elle n’a jamais eue durant sa propre enfance. «Les Dieux s’ennuyaient, ils ont rappelé leur voix», déclara Yves Saint-Laurent en apprenant la disparition trop précoce de la diva, morte à Paris d’une crise cardiaque en 1977 l’âge de 53 ans. Tragédienne incomparable sur scène et amoureuse insatisfaite dans la vie, Callas eut un destin contradictoire, entre les hauteurs célestes de son art et la réalité souvent triste de son existence de femme. Sans effets de style inutiles, le film de Tom Volf rend compte avec sincérité du destin exceptionnel de cette icône du XXe siècle, à jamais irremplaçable.