Au rayon des expériences traumatisantes ayant rythmé mon enfance, Mars Attacks! se pose comme un ténor du genre, et je me rassure aujourd’hui en pensant, si ce n’est espérant, que je n’étais pas le seul auquel le père Burton en a fait voir des vertes (et même rouges) et des pas mûres.
Dès lors, le contraste se veut franchement sidérant entre la frayeur remémorée et le verdict, une fois adulte, que l’on peut tirer de ce long-métrage résolument satirique : empreint d’une multitude de références vieillottes en rappelant la proportion kitsch de tout un genre, passant par un semblant d’hommage au « pionnier » Ed Wood, Mars Attacks! combine de ce fait esprit purement parodique et pied-de-nez impertinent à l’encontre des saintes valeurs américaines.
Telle l’antithèse d’un Independance Day patriotique jusqu’à la moelle, le film de Burton constitue une farce des plus féroces ne se prenant pas au sérieux, son postulat reposant comme de juste sur un amoncellement de ressorts tous plus ridicules les uns que les autres : tournés de bout en bout en dérision, les têtes pensantes et leaders du monde libre n’ont d’égal que le look ringard de leurs adversaires martiens, dont le crâne testiculaire et le design fort imagé d’une technologie sans queue ni tête tendent à mettre en exergue un goût certain pour la surenchère délibérée, marque de fabrique d’un film décidément burlesque.
Tandis que nos voisins de la Planète Rouge dézinguent, avec facilité et une inventivité cruelle, tout semblant de résistance en provenance de nos institutions et corps armés, Burton prend tout de même le temps d’accorder une once de crédit à l’humanité par le biais d’une jeunesse débrouillarde et, à bien des égards, plus réfléchie que ne peut l’être l’ancienne génération ; rares sont en ce sens les adultes conservant un minimum de crédibilité dans ce beau foutoir acide, le cabotin Nicholson n’ayant en ce sens rien à voir avec le punchy Jim Brown, aussi en résulte-t-il un détachement latent desservant la teneur de l’ensemble.
Si l’humour noir de Mars Attacks! fait plutôt mouche, difficile de se prendre pleinement d’intérêt pour cette vaste blague sur fond d’invasion extraterrestre, celle-ci s’avérant davantage bouffie que tordante, ce à quoi le casting choral n’est pas indifférent : impressionnant en termes de participations, le film compile ainsi une ribambelle de premiers et seconds rôles étiolant la profondeur d’une trame déjà légère, aucune figure n’étant de fait fouillée si ce n’est dans un axe purement caricatural.
On retiendra surtout la BO géniale de Danny Elfman, ou encore la présence réjouissante d’un Pierce Brosnan inspiré, au contraire de ses comparses Nicholson, Close, Short et cie., tous jouant sans aucune finesse le jeu de cette fameuse surenchère... si Mars Attacks! demeure une référence parodique valant le coup d’œil, le tableau final n’est en somme clairement pas aussi percutant qu’escompté.