La bombe humaine
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le 15 mai 2016
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La réalisatrice pointe par le biais du thriller psychologique, un thème souvent réservé aux cinéastes américains, et nous montre toute sa maîtrise pour ce métrage, sobre et doté de peu d'effet.
Vincent, soldat revenu d'Afghanistan accepte temporairement le poste de garde du corps pour un homme d'affaires libanais et sa famille en attendant de pouvoir repartir en mission. Dès la première scène, la fracture est pointée entre l'entraînement au pas de course du soldat, et son poste ennuyeux d'agent de sécurité où il sera confronté à un autre monde, appuyant le contraste avec son retour à la vie civile.
Alice Winocour, démontre les effets de la guerre en traitant des troubles post-traumatiques et du fossé entre terrain et retour au pays dans ce que cela peut impliquer de conséquences sociales.
Refusant son handicap, Vincent sera pourtant constamment à l'affût, et semblera percevoir une menace extérieure. Mené avec maîtrise, jouant sur les ressentis fantasmés de notre soldat en perdition, ses hallucinations renforcées par les sons amplifiés suite à son trauma, et ses expressions déconnectées, participent à rendre palpable et à nourrir la paranoïa. Mis en valeur par la photographie, le peu de contraste et des jeux de caméra au plus près, entre musique et silence, un drame en huis-clos, qui restera dans le flou tout du long et nous balladera souvent. Qu'en est-il de la réalité ? Tout comme l'épouse du magnat, Jessie (Diane Kruger), en dehors elle aussi de sa propre vie, qui subit une situation qu'elle ne semble pas comprendre, Vincent luttera contre l'invisible comme à la guerre.
Un soupçon de corruption et de vente d'armes, pour souligner toute la contradiction entre décideurs et hommes de terrain. Sans parti-pris politique, seul le constat du décalage pour appuyer le propos et le ressenti de Vincent. Une histoire de rencontre salvatrice pour ces deux personnages à l'opposé, soulignant la difficulté et l'évolution de leurs liens tout en finesse et pudeur. Matthias Schoenaerts joue sur son physique impressionnant, sa violence contenue et ses multiples crispations physiques. Victimes de filature, d'agression et de cambriolage, le soldat reprendra ses esprits et sera à nouveau prêt au combat, pour se "révéler" de nouveau face à la violence, pour des combats au corps à corps, aussi francs qu'expéditifs.
Une réussite tant esthétique que musicale, jouant sur des décors et une ambiance inquiétante, des couloirs sombres et silencieux, rappelant quelques films à tendance horrifique, exacerbant la tension. Des écrans de surveillance aux rondes de nuit où le moindre bruit devient suspect, de menus détails en scènes fulgurantes, l'inquiétude est palpable et se maintient par des changements de rythme bien dosés.
Un film de genre français étonnant, au suspense prenant.
Une découverte.
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Créée
le 6 nov. 2016
Critique lue 732 fois
5 j'aime
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