La trilogie Matrix- une allégorie psychédélique

J'ai enfin revu d'une traite et dans les bonnes conditions (sous LSD) la trilogie Matrix. Cela m'a permis de mieux entrevoir les thématiques poussées par les autrices dans cette merveilleuse saga. Je n'ai plus envie de hiérarchiser les épisodes maintenant que je conçois Matrix comme un tout.


Matrix traite de sujets très spirituels de bout en bout. C'est une grande épopée s'attaquant à de nombreux thèmes : le messie, la foi, la confiance en soi et dieu-Tout, dieu-Amour. Dieu étant l'essence de toute chose, croire en soi, à ce que nous dicte notre soi profond, c'est quelque part écouter la parole de Dieu. Tout ça dans le contexte d'un peuple cherchant à se libérer d'un système despotique qui lui est parfaitement scientifique, donc imparfait. Car la nature de la vie, la nature du choix inhérente à chaque chose qui vit, ne peut tolérer le contrôle total et donc le totalitarisme, la privation de liberté. Une vie sous contrôle est une non vie.


Néo est le produit de cette imperfection de la matrice et de la volonté de contrôle des machines sur l'homme. Il est l'envoyé de Dieu, capable d'enrayer la machine et de libérer l'humanité. Chaque fois que le système reprend le contrôle, un Néo est nécessairement généré par la vie.


Néo apprend tout le long des films à accepter son rôle, à accepter le fait qu'il n'ai pas le contrôle, et qu'il doive juste avancer, et que les réponses viendront, issues de capacité à écouter sa nature et à prendre le bon choix.


Néo est une forme de messie car il est le héros du film et qu'il transcende la réalité, mais en vérité, chaque personnage du film est le reflet de Néo et joue également son rôle, traverse les mêmes questionnements (car toute l'humanité est liée par la vie-Dieu), faisant avancer la réalité vers son destin, le rétablissement de l'harmonie.


La vie est bien décrite comme un grand théâtre comique et tragique où chacun est là pour une raison bien précise, et en s'écoutant, joue son rôle.


L'autre produit de l'imperfection de la matrice, c'est Smith, rebelle également de la matrice mais plus profondément encore de l'existence terrestre. Il cherche à se libérer mais pas seulement de son rôle d'agent, mais aussi du monde qui le répugne. C'est un être de peur sans amour qui cherche à prendre le contrôle. Hors le contrôle est impossible, comme on l'a vu, car la liberté inhérente à la vie ne saurait jamais l'accepter, fût-il dans cette vie ou une autre .


Smith est simplement l'alter égo de Néo, sa part de lui-même qui veut également reprendre le contrôle, tandis que Néo doit lâcher prise.


Le destin mène Néo à se battre jusqu'au bout contre Smith/lui-même pour finalement refusionner avec Smith, redevenir complet, s'accepter et abandonner l'idée de contrôle, rétablissant la paix entre les machines et les hommes.


Mais pour combien de temps ?


Matrix comme toute histoire métaphysique, parle de l'humain et de ce qui est inhérent à la vie humaine. L'humain a peur de vivre, veut garder le contrôle ou a confiance dans la vie, les autres et la liberté. Mais cette question retraverse chaque homme, tant qu'il n'atteint pas l'illumination qui le fait devenir un avec le monde et lui-même, avec Dieu.


La filmographie des sœurs Wachowsky est un message spirituel dédié à toutes les personnes opprimées par un système, que ce soit le patriarcat, l'Etat-Nation ou tout autre organe de contrôle. Cloud Atlas dresse le même constat dans un même grand chef d'oeuvre psychédélique. Chaque système de contrôle, privant de liberté, mène à ce combat pour la vie.

cramazouk
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le 18 juin 2017

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