Quel drôle de petit film passé inaperçu sur le grand écran il y a bientôt 20 ans de ça... "May" nous raconte l'histoire d'une jeune femme ayant vécu une enfance difficile et qui n'arrive pas à communiquer et sociabiliser de façon "normale" avec le monde qui l'entoure.
Entre slasher et comique de situation, le film oscille aisément entre les deux genres pour présenter toute l'ambiguïté du comportement de May. Alors certes c'est assez embarrassant dans le sens où elle est totalement déconnectée de la réalité dans chacune de ses interactions avec les autres, mais c'est justement ce qui fait l'intrigue ; ce côté inattendu peut nous prendre par surprise à tout moment. La relation qu'elle entretient avec cette poupée depuis son plus jeune âge semble la guider au quotidien : elle lui dit quoi faire, comment réagir, pour le meilleur comme pour le pire. Le jour où cette chère amie disparait, c'est comme une transcendance pour May. C'est fascinant de voir à quel point elle prend confiance dans ce qu'elle doit faire dès lors qu'elle doit reconstituer sa poupée de toute pièce avec des morceaux de chair. Ne trouvant pas spécialement d'intérêt particulier à développer des relations avec des personnes qui n'en valent pas la peine, elle décide de s'en servir autrement dans un rôle qui lui parait plus juste à ses yeux...
Un peu dérangé, un peu barré, ce long-métrage de Lucky McKee ne lui aura finalement pas porté chance (sans mauvais jeu de mot) pour rencontrer le succès. Et pourtant il y a de l'idée et de l'audace dans la façon de faire, c'est une torture psychologique assez bien menée.