Arrache-toi d'là, t'es pas d'ma bande. Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre...

Peu de temps avant son mythique Taxi Driver, Martin Scorsese et Robert De Niro arpentaient déjà les rues de New-York. C’est l’un des premiers films du cinéaste américain qui définit déjà ici tout ce que sera son œuvre au cours de sa carrière, avec le succès que l’on sait. C’est donc l’occasion pour le spectateur de découvrir ce point de départ, si important pour le réalisateur qui signe alors sa première collaboration avec Robert De Niro. En s’intéressant aux errances et aux magouilles de deux jeunes malfrats qui se rêvent à la place des importants mafieux du quartier, Scorsese m’a convaincu. Et ce n’était pas course gagnée car je ne suis pas un grand adepte du cinéma de « mafieux » justement et guère plus du réalisateur en règle générale. Toutefois, le film possède ici un vrai rythme, un scénario plus que correct et surtout deux acteurs au top. L’entrée de De Niro dans le bar avec une fille à chaque bras est magistrale, un grand acteur est né. Les dialogues sont également à la hauteur de ces personnages haut en couleurs. Le fait que Scorsese nous montre ici, non pas des grands mafieux au sommet de la hiérarchie mais des mecs fauchés, tordus, incontrôlables et malhonnêtes est un atout majeur. Malgré tout, il subsiste une opposition entre ces personnages, Charlie a son avenir tracé alors que Johnny Boy rentre vraiment dans cette catégorie de type opportuniste et presque irrespectueux. La réalisation et la nervosité du montage font d’autant plus ressortir la situation des personnages et la voix-off de Keitel est plutôt judicieuse alors que c’est un procédé que je n’aime pas trop généralement. Les rues de New-York sont très bien filmées ici et le film contient aussi ces quelques scènes qui restent en mémoire : la fin en premier lieu, sombre, violente, tellement symptomatique du cinéma de Scorsese à venir mais à laquelle on pouvait finalement s’attendre mais aussi la séquence où Charlie est bourré, suivie en steadycam. Autre point fort, la musique ! Excellente, bien intégrée au film et qui contribue amplement à ancrer le film encore plus fort à cette période des seventies. Même si je ne suis pas complètement fan du film, je lui reconnais ses qualités et j’apprécie l’ambiance et l’atmosphère qu’il dépeint de ce milieu urbain où le pognon et la quête de pouvoir et de reconnaissance font office de religion. Que Taxi Driver suive ce Mean Streets deux ans plus tard n’est finalement pas une surprise, c’est même d’une cohérence absolue.
Vino
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le 2 mai 2014

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